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jeudi 10 novembre 2016

L'échec de la réforme éducative suédoise






Dans les années 1990, la Suède a pris la tête des pays réformistes dans l'optique du New Management. Le pays est passé en quelques années d'un système éducatif étatique et centralisé à une décentralisation totale. Les enseignants sont devenus des employés communaux. Les établissements sont gérés par des chefs d'établissement qui ont une totale liberté de gestion sous tutelle de la municipalité et une large autonomie pédagogique. L'État attribue aux communes une enveloppe globale en échange de services. Les parents peuvent inscrire leur enfant dans l'école de leur choix à l'intérieur de la commune. Ils disposent d'un chèque éducation. C'est son apport qui alimente le budget de chaque école. On a donc la plus large décentralisation parmi les pays de l'OCDE et elle a été effectuée en un temps record.

Vingt ans après la réforme, le diagnostic dressé par l'OCDE sur l'École suédoise relève des points forts. Malgré le chèque éducation, les différences entre les écoles sont faibles. Les relations profs élèves sont bonnes. Mais l'OCDE pointe le faible niveau de compétences des élèves suédois et la baisse régulière des performances en compréhension de l'écrit, en maths et en sciences dans les évaluations PISA depuis 10 ans. Celle-ci découle en partie du manque de discipline dans les classes : les élèves suédois sont les plus souvent en retard dans l'OCDE. Elle provient aussi de l'émiettement du système de formation des enseignants dont l'embauche est maintenant municipale. L'OCDE pointe aussi le faible niveau du statut social des enseignants : seulement 5 % d'entre eux estiment que leur métier est valorisé dans la société, un taux très proche de celui de la France. Autre proximité, dans un contexte fort différent : l'étude souligne le manque de clarté dans l'administration de l'École et dans ses objectifs.

L'OCDE invite d'abord à revoir le financement de l'École. Elle estime qu'il est insuffisant et qu'il faut apporter de nouvelles ressources. Cela remet en question le choix opéré dans les années 1990 du chèque éducation. Elle invite aussi à revoir la formation des enseignants et à la “re-étatiser” à travers un institut national. L'éclatement du système a conduit à multiplier les instituts de formation et à abaisser le niveau de formation. L'OCDE demande aussi un effort pour valoriser le métier enseignant en encourageant un pilotage partagé des établissements, ce qui remet en cause sa municipalisation, et en encourageant la coopération entre les enseignants. Enfin l'organisation invite à faire des efforts pour améliorer le niveau scolaire des élèves issus de l'immigration en renforçant l'enseignement du suédois et l'école primaire.

Pour nous, ces critiques portées par l'OCDE prennent leur sens par rapport à la situation actuelle de l'école française. Celle-ci partage bien des maux avec l'école suédoise : baisse des performances, inégalités scolaires accrues, dévalorisation du métier. L'intérêt pour nous c'est que ces mauvais résultats sont le résultat d'une réforme libérale de l'éducation : le chèque éducation avec le libre choix parental, l'autonomie totale laissée aux écoles, le management local, la toute-puissance du chef d'établissement, tout cela a été expérimenté en Suède et a échoué.


D’après un article de François Jarraud


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1 commentaire:

  1. Merci, Bernard. Il y a un passage sur le déclin de la Suède dans le nouveau livre de Hirsch.

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