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lundi 2 octobre 2000

Livre : L’enseignement mis à mort - Essai (Adrien Barrot)



Il s’agit d’un petit livre paru en 2000 dans la collection Librio, connue à l’époque pour le prix unique de 10 francs l’exemplaire. L’auteur, Adrien Barrot, est professeur de philosophie. Un de plus qui a écrit un livre sur le désastre scolaire ! À croire que cette discipline a été plus touchée que les autres par la baisse du niveau des élèves ou que les enseignants de philosophie aient été plus clairvoyants que les autres.

Au moment de la parution du livre, nous sortons de l’époque Claude Allègre, réputé pour ses saillies peu appréciées du corps enseignant, dont celle du « mammouth » pour désigner l’Éducation nationale. Encore un dont le passage au ministère, rue de Grenelle, n’a pas laissé un bon souvenir…

Adrien Barrot part d’un constat : « Ce dont les professeurs ont fondamentalement conscience, (…) c’est qu’il leur est devenu, au fil des années, de plus en plus difficile d’enseigner ; c’est même qu’il leur est devenu, au fil des années, de plus en plus souvent impossible d’enseigner : impossible, tout simplement, de faire leur métier ». Et pourquoi ? Parce « qu’il est désormais formellement interdit d’enseigner, c’est que l’enseignement est interdit, c’est qu’il est interdit aux élèves d’être des élèves, aux professeurs d’être des professeurs ». C’est le triomphe du constructivisme pédagogique !

L’auteur ajoute : « L’école a désormais pour seule mission légitime celle d’écarter tous les obstacles qui empêchent [les élèves] d’être ce qu’ils sont d’ores et déjà si parfaitement. En conséquence de quoi, tout ce qui, dans l’école, entrave sa transformation en vaste terrain de jeux et de divertissement doit être extirpé sans la moindre hésitation ». Et suit la question : « N’y a-t-il donc personne, plus personne, pour se rendre compte de cette déchéance ? ».

À cette époque, il était dangereux pour sa carrière de s’opposer aux diktats constructivistes, ou même simplement d’émettre des doutes. Quelques enseignants courageux en ont fait les frais. « Il est même très difficile de formuler clairement un diagnostic lucide dans le climat de chasse aux sorcières qui règne aujourd’hui ». Pourtant, « quels efforts de maîtrise de soi ne faut-il pas s’infliger pour ne pas hurler de rage et de désespoir sous ce déluge de gifles, de camouflets, d’insultes, que réserve aux professeurs chacun des fantastiques slogans de notre ministère ! ».

L’avenir ? « Le seul avenir que l’on puisse présager d’une telle évolution, d’une telle dérive, est au fond connu de tous. Une ségrégation de plus en plus rigide entre les quelques établissements d’enseignement qui resteront dignes de porter ce nom, et ceux dont le nom ne sera plus que signe d’imposture. Une sélection de plus en plus impitoyable et inique, dont les seuls critères seront sociaux, économiques et financiers. » Nous y sommes déjà…

Pour conclure, un livre à lire pour se remettre dans l’ambiance du début des années 2000 où rares étaient les voix qui osaient se faire entendre pour remettre en question les orientations constructivistes radicales de la politique éducative. Avec un bémol toutefois : ces critiques s’appuyaient sur une conception traditionnelle de l’enseignement qui certes avait jadis donné de bien meilleurs résultats, mais qui était nettement dépassée à l’aube du XXIe siècle.

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Adrien BARROT
Librio, 87 p
07/2000

mardi 4 janvier 2000

Livre : L'horreur pédagogique (Morel et Tual-Loizeau)


C’est la même paire d’auteurs du Petit vocabulaire de la déroute scolaire qui avait publié quelques mois auparavant ce livre, dont le titre s’inspirait sans vergogne de L’horreur économique, un essai à grand succès de Viviane Forrester paru en 1996.

Le seul des deux que je connais, c’est Guy Morel. Et je n'en dirai pas plus car on toucherait rapidement le fond. Les initiés comprendront... 

Le livre dont il est question montre à quel point les élèves sont des imbéciles qui ne savent rien. 

À qui la faute ? Certainement pas à ces élèves, mais plutôt aux enseignants qui ne leur ont rien appris, ou pas grand-chose, ou de travers. Se moquer des élèves quand on est collectivement responsable de leurs ignorances et de leurs inaptitudes, c’est faire preuve d’une arrogance mal placée. Mais il est vrai qu’en matière de mépris, Morel n’a de leçon à recevoir de personne.

Tout le monde n’a pas le talent de Jean-Charles et l'humour de sa Foire aux cancres.

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Guy MOREL, Daniel TUAL-LOIZEAU
Ramsay, 245 p
09/1999



Franz Xaver Messerschmidt