Auteur : Marion
Defresne
Note d'information, n° 17.28
12.2017
En 2015, un enseignant du ministère de l’Éducation nationale
perçoit en moyenne 2 360 euros nets par mois. Néanmoins, des différences de
salaire existent selon le statut et le corps, allant du simple au double.
Ainsi, les professeurs agrégés et de chaire supérieure gagnent 0,6 fois plus
que les professeurs des écoles et 1,2 fois plus que les professeurs
contractuels. Par ailleurs, l’exercice du service à temps complet ou à temps
partiel ainsi que les fonctions exercées par l’enseignant expliquent une partie
des écarts de salaire observés.
En 2015, malgré l’absence d’évolution de la valeur du point
d’indice, les enseignants déjà rémunérés par le ministère de l’Éducation
nationale l’année précédente ont, en moyenne, perçu un salaire net supérieur de
3,8 %. La moitié d’entre eux observent une hausse de leur salaire net, près de
20 % voient leur salaire stagner et 30 % leur salaire diminuer. Les enseignants
ayant changé d’indice de rémunération ou de quotité de travail en 2015 sont
ceux qui ont connu les plus fortes évolutions de salaire, à la hausse ou à la
baisse.
En 2015, le salaire net moyen d’un enseignant s’élève à 2 360 euros
En 2015, un enseignant du ministère de l’Éducation nationale
(MEN) perçoit en moyenne un salaire net mensuel de 2 360 euros.
Le niveau du salaire est majoritairement déterminé par son statut (titulaire,
i.e. détenteur d’un concours de l’enseignement public ou privé sous contrat, ou
contractuel, le corps d’enseignement qui le
positionne sur une grille de rémunération plus ou moins avantageuse et le
recours ou non au temps partiel qui définit sa quotité de rémunération. Par
ailleurs, les primes et indemnités, représentant environ 10 % du salaire brut
d’un enseignant du premier degré et 20 % de celui d’un enseignant du second
degré, expliquent également les écarts de salaires entre enseignants, avec de
fortes disparités même au sein d’un même corps.
En moyenne, en 2015, un enseignant titulaire gagne 2 425
euros par mois contre 1 610 euros pour un enseignant contractuel.
Parmi les enseignants titulaires, ce sont les professeurs des écoles qui perçoivent en moyenne les salaires nets moyens les plus faibles. Les professeurs certifiés, d’éducation physique et sportive (EPS) et les professeurs de lycées professionnels (PLP), rémunérés sur la même grille indiciaire que les professeurs des écoles, perçoivent en moyenne un salaire net supérieur de 16 % pour les certifiés, de 17 % pour les professeurs d’EPS et de 25 % pour les PLP. Outre la plus grande propension des professeurs des écoles à être à temps partiel (13,6 % contre 12,3 % en moyenne), ils perçoivent moins fréquemment des compléments de rémunération (primes, heures supplémentaires).
1. Répartition des
enseignants selon leur statut en 2015 et salaires nets moyens
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Par ailleurs, en 2015, l’indemnité de suivi des élèves, que
tous les enseignants perçoivent (ISAE dans le premier degré et ISOE dans le
second degré), est plus faible (400 euros annuels à temps plein contre 1 200
dans le second degré). Enfin, le poids du privé sous contrat est plus fort dans
le premier degré, alors même que les enseignants du privé, à salaire brut égal,
ont un salaire net plus faible du fait de taux de cotisations sociales salariales
plus forts.
Avec un salaire net moyen de 3 540 euros par mois, les
professeurs agrégés et de chaire supérieure bénéficient à la fois de grilles de
rémunération les plus élevées et d'un nombre important d’heures
supplémentaires. 90 % d’entre eux gagnent au moins 2 500 euros par mois,
jusqu’à plus de 4 500 euros pour les 10 % les mieux rémunérés. À l’inverse,
80 % des professeurs des écoles perçoivent un salaire net mensuel moyen
inférieur ou égal à 2 500 euros.
2. Distribution
des salaires nets moyens en 2015
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L’écart de salaire entre les enseignants contractuels (un
peu moins d’un enseignant sur dix) et les enseignants titulaires est important.
D’une part, la moitié d’entre eux est à temps partiel ou incomplet ;
d’autre part, ils sont positionnés sur des grilles de rémunération plus faibles
et sans règles communes d’avancement ; enfin ils sont en moyenne plus
jeunes, donc plus nombreux à percevoir des salaires de début de carrière.
Ainsi, les instituteurs suppléants du privé sous contrat, qui constituent
l’intégralité des contractuels du premier degré, perçoivent les salaires les
plus faibles : 80 % d’entre eux gagnent un salaire net moyen
inférieur à 1 500 euros par mois. Les professeurs contractuels du second degré
gagnent également moins que les enseignants titulaires, mais davantage que les
instituteurs suppléants. En effet, 60 % d’entre eux enseignent dans le public,
secteur dans lequel les grilles de rémunération sont généralement plus
avantageuses que dans le privé sous contrat.
Les enseignants déjà rémunérés par le MEN en 2014 ont gagné en moyenne 3,8 % de plus en 2015
En 2015, malgré l’absence d’évolution de la valeur du point
d’indice (la valeur du point d’indice majoré est de 4,6303 euros en 2014 et en
2015), les enseignants déjà rémunérés par le ministère de l’Éducation nationale
l’année précédente ont, en moyenne, perçu un salaire net supérieur de 3,8 % en
euros constants (tout au long de la Note, les évolutions de salaire s’expriment
en euros constants. Néanmoins, entre 2014 et 2015, l’inflation est quasi nulle).
Cette évolution individuelle moyenne masque des réalités différentes.
Parmi les enseignants titulaires, la moitié d’entre eux observent effectivement une hausse de leur salaire net. Cependant, près de 20 % voient leur salaire stagner et 30 % leur salaire diminuer. Les professeurs des écoles ont des salaires relativement plus stables que les titulaires du second degré. Ainsi, en 2015, 25 % voient leur salaire stagner.
4. Répartition des
enseignants selon leur évolution de salaire net
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Dans le second degré, la part de salaire attribuée à la
perception de primes pour heures supplémentaires et d’indemnités de fonction
est plus forte et rend donc plus volatil le niveau de salaire perçu par
l’enseignant chaque année. Les professeurs de chaire supérieure sont les
enseignants pour qui la part variable de salaire est la plus forte, avec, en
moyenne, 35 % de primes composant le salaire brut. Ainsi, en 2015, 55 % des
professeurs certifiés enregistrent une hausse de salaire tandis que quatre professeurs
de chaire supérieure sur dix constatent une diminution de salaire (le
classement correspond au statut en 2014. 99,5 % d’entre eux sont toujours
certifiés en 2015 et 0,5 % sont devenus professeurs agrégés).
Les contractuels ont moins souvent des rémunérations stables
que les titulaires. En effet, moins de 7 % voient leur salaire stagner. 53,5 %
des contractuels 2014 encore payés par le ministère en 2015 connaissent une
évolution positive de salaire : un sur cinq enregistre une hausse de 1 à
10 % et un sur trois une hausse supérieure à 10 % (jusqu’à plus de neuf
contractuels admissibles sur dix, suite à la titularisation de la majorité
d’entre eux). En revanche, un professeur contractuel sur trois voit son salaire
net mensuel diminuer d’au moins 5 %, une baisse liée pour un tiers d’entre eux
à une diminution du temps de travail, mais également pour d’autres au passage
du secteur public vers le secteur privé (40 %), là où les taux de cotisations
sociales salariales sont plus élevés et les traitements de base généralement
plus faibles.
Évolution de carrière et rythme de travail à l’origine d’évolutions salariales
Pour chaque enseignant, deux grands types de changements ont
pu survenir entre 2014 et 2015 : le premier changement vient modifier
l’indice de rémunération de l’enseignant, socle principal du calcul de son
salaire (titularisation d’enseignants contractuels, avancement ou promotion
d’enseignants titulaires via un changement de corps, de grade ou
d’échelon) ; le second changement vient modifier la quotité de
rémunération (recours ou non au temps partiel). Ces changements ont des impacts
plus ou moins importants sur l’évolution du salaire, à la hausse comme à la
baisse.
Entre 2014 et 2015, 58,4 % des enseignants présents les deux
années n’ont connu aucun changement d’indice ou de rythme de travail, 29,2 %
ont connu un changement d’indice, 7,7 % une modification de leur rythme de
travail et 4,7 % ont cumulé les deux.
5. Évolutions de
salaire selon les changements intervenus à un niveau individuel pour les
enseignants
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Bien que la situation relative à l’indice de rémunération et
le rythme de travail apparaissent inchangés pour plus de la moitié des
enseignants, 10 % d’entre eux ont néanmoins enregistré une hausse de salaire
d’au moins 7 % et 10 % d’entre eux ont en moyenne connu une baisse de plus de 5
%. Ces évolutions s’expliquent par des changements de situation d’enseignement,
impactant la perception ou non de primes liées aux postes (direction d’école
dans le premier degré, enseignement en section d’enseignement général et
professionnel adapté [Segpa], auprès d’enfants en difficulté, etc.), une
augmentation ou une diminution du nombre d’heures supplémentaires effectuées
[CARON, 2017], mais également de changements personnels comme l’agrandissement
du foyer familial modifiant le supplément de traitement familial ou encore un
déménagement occasionnant une perception différente de l’indemnité de résidence
(ou de cherté de la vie dans les DOM). Par ailleurs, deux évolutions réglementaires
ont impacté les salaires des enseignants en 2015 : l’augmentation des
primes liées à l’éducation prioritaire a fait croître le salaire des
enseignants concernés, et la hausse des taux de cotisations sociales salariales
au titre de la retraite a réduit le salaire net perçu en 2015 de l’ensemble des
enseignants (augmentation du taux de cotisation salariale de 0,40 point pour
les enseignants titulaires du public [taux égal à 9,54 % en 2015] et de 0,2
point pour les contractuels du public et les enseignants du privé sous contrat
[taux égal à 9,79 % en 2015]).
Les enseignants enregistrant les plus fortes variations de
salaire sont ceux dont à la fois l’indice de rémunération et le rythme de
travail ont été modifiés entre les deux années : en moyenne, ils gagnent
27 % de plus en 2015 contre une hausse de 6 % en moyenne pour les enseignants
concernés par l’un des deux facteurs et 0,5 % pour ceux dont la situation reste
inchangée (mêmes corps, grade et échelon et même quotité de travail les deux
années).
Les enseignants dont le recours au temps partiel a changé
entre 2014 et 2015 ont également connu de fortes évolutions de salaire. Ainsi,
5,4 % des enseignants ayant diminué leur temps de travail en 2015 ont
enregistré une baisse de 13,5 % de leur salaire net. À l’inverse, les
enseignants dont la quotité de travail a augmenté ont gagné 35,5 % de salaire
net en plus en 2015.