En 1964, Freinet publie ses Invariants pédagogiques pour que les adeptes de sa méthode puissent « reconsidérer
un certain nombre de notions et de pratiques psychologiques,
pédagogiques, techniques et sociales qu’on tient communément comme
admises dans les milieux scolaires », et se débarrasser ainsi des idées reçues de l’enseignement traditionnel [1].
Il s’agit en fait de les remplacer par les siennes puisque Freinet, de
son propre aveu, ne s’appuie que sur son expérience et son « bon sens » [2].
Qu’est-ce qu’un “invariant” ? « C’est tout ce qui ne varie pas et ne peut pas varier.
» En d’autres termes, ce sont des vérités intangibles et incontestables
qu’il faut admettre comme telles. Et pour vérifier qu’on a bien retenu
la leçon, Freinet place un questionnaire à la fin de chaque invariant.
Dans cette liste d’une trentaine d’affirmations, seul un quarteron d'entre elles surnage [3].
Le reste n’est qu’une collection d’idées préconçues, sans aucune
justification scientifique. À leur lecture, on s’aperçoit néanmoins
combien elles ont influencé le système éducatif français depuis les
années 1970. Freinet a eu son heure de gloire, à tel point qu’enseigner
signifiait “faire du Freinet” pour la plupart des formateurs.
Aujourd’hui, la mode est un peu passée, mais le constructivisme demeure
puissamment majoritaire. Comme il repose sur des croyances, c’est devenu
une véritable religion pédagogique dont on ne peut s’écarter au risque
d’être taxé d’hérésie. Ce qui, professionnellement, reste très
dangereux…
Invariant n° 1 : « L’enfant est de même nature que l’adulte. »
C’est donc, selon Freinet, un adulte en miniature. Cela commence
bien ! Cette affirmation fallacieuse est à l’origine de déficiences
éducatives dont on mesure maintenant l’étendue des dégâts. Les parents
n’ont plus osé dire non, ils parlementent en permanence pour obtenir la
moindre chose de leurs enfants, ils implorent leur affection comme le
feraient des amoureux éconduits. Et il faudrait, selon Freinet, faire la
même chose à l’école ! Non, un enfant, comme un élève, doit être
considéré comme tel, il doit être aimé, respecté, éduqué et instruit par
des adultes responsables et conscients de leurs devoirs.
Invariant n° 2 : « Être plus grand ne signifie pas forcément être au-dessus des autres. »
D’où la nécessité absolue de supprimer les estrades et de détrôner le
bureau du maître, symbole de la “scolastique”. Pour être un pédagogue
moderne, à la Freinet, il faut se mettre au niveau des élèves. D’où la
tentation permanente du recours à la démagogie pour être aimé par sa
classe. Ce qui se termine souvent fort mal, avant même le mois de juin.
Invariant n° 3 : « Le comportement scolaire d’un enfant est fonction de son état physiologique, organique et constitutionnel. »
Cette formule alambiquée signifie que, quand on enseigne, il faut
s’intéresser aux raisons personnelles qui amènent l’élève à être en
difficulté ou à avoir des problèmes de comportement. Ce qui est la
moindre des choses. À condition toutefois de ne pas se prendre pour un
thérapeute ou une assistante sociale.
Invariant n° 4 : « Nul – l’enfant pas plus que l’adulte – n’aime être commandé d’autorité. »
C’est avec ce genre de poncif qu’on a obtenu quelques années après
des générations d’enfants-rois, puis d’enfants-tyrans avec lesquels les
parents (comme souvent les enseignants) ont les pires difficultés.
Invariant n° 5 : « Nul n’aime s’aligner, parce que s’aligner, c’est obéir passivement à un ordre extérieur. »
Il vaut donc mieux entrer en classe en se bousculant et en braillant.
Belle préparation à la reprise du travail et des efforts que
nécessitent les apprentissages ! Pour Freinet, l’obéissance est synonyme
d’abêtissement et, pour bien nous faire comprendre, il nous parle de
l’armée, qu’il estime sans doute composée d’abrutis. Les militaires
apprécieront.
Invariant n° 6 : « Nul
n’aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail
ne lui déplaît pas particulièrement. C’est la contrainte qui est
paralysante. »
Freinet s’inspire de Rabelais et de son abbaye de Thélème : « Fais ce que voudras ». Les activités “scolaires” « se recouvrent d’un voile maléfique », et provoquent « des phobies, des anorexies et des complexes graves ». Avec cet invariant, on tombe donc dans ce qu’on appelle communément la psychologie de comptoir.
Invariant n° 7 : « Chacun aime choisir son travail, même si ce choix n’est pas avantageux. »
Les élèves continuent donc à ne faire que ce qu’ils veulent. Parions
que, une fois devenus adultes, leur arrivée dans le monde du travail ne
sera pas des plus faciles compte tenu des mauvaises habitudes qu’ils
auront prises dans leur jeunesse. Le retour à la vraie vie risque d'être
douloureux...
Invariant n° 8 : « Nul
n’aime tourner à vide, agir en robot, c’est-à-dire faire des actes, se
plier à des pensées qui sont inscrites dans les mécaniques auxquelles il
ne participe pas. »
On trouve là un des défauts majeurs que Freinet attribue à la
“scolastique” : l’étude “mécanique”. Qu’est-ce que la mécanique ? Les
devoirs scolaires imposés, dont l’enseignement traditionnel est
effectivement coutumier. Pour autant, est-ce que la “mécanique” vise
aussi l’acquisition des automatismes ? Probablement, dans l’esprit de
Freinet. Autrement dit, les savoirs de base ne doivent pas être
automatisés afin que la moindre tâche subalterne mobilise toutes les
ressources cognitives de l’élève, quitte à saturer sa mémoire de
travail. Dès lors, faire une multiplication ou écrire un texte
deviennent des corvées éprouvantes puisqu’on n’a pas automatisé
l’algorithme de l’opération ou l’orthographe lexicale des mots courants.
Mais, selon Freinet, il suffit sans doute de « choisir son travail » et, par conséquent, de faire autre chose…
Invariant n° 9 : « Il nous faut motiver le travail. »
Exemple de “travail vivant” : écrire un texte libre, écrire pour le
journal de l’école, écrire à ses correspondants, imprimer, dessiner,
peindre… Bref, toutes les activités d’une classe Freinet. À supposer que
les élèves aient vraiment envie de faire tout cela plus qu’autre chose.
Ce qui reste tout de même à démontrer.
Invariant n° 10 : « Plus de scolastique. »
L’injonction est brève. C’est le mot d’ordre de tous les
constructivistes. L’ennemi, c’est l’enseignement traditionnel. Et dire
qu’aujourd’hui, les nostalgiques de l’école d’autrefois parlent de
Freinet comme d’un « instituteur de génie » [4]. Les questions pédagogiques ne sont décidément pas leur point fort.
Invariant n° 10bis : « Tout individu veut réussir. L’échec est inhibiteur, destructeur de l’allant et de l’enthousiasme. »
Sur ce point, Freinet voit juste. Il écrit : « Toute la technique de l’École traditionnelle est basée sur l’échec ». Ce qui est vrai. Un enseignant explicite aurait pu écrire comme lui : « Nous pouvons pratiquer une pédagogie qui permette aux enfants de réussir.
» Réussir dans ses apprentissages est un gage de confiance en soi qui
entraîne à son tour la réussite. Mais encore faut-il que ces
apprentissages soient le résultat d’un enseignement structuré et
efficace, ce que n’est pas la pédagogie Freinet.
Invariant n° 10ter : « Ce n’est pas le jeu qui est naturel à l’enfant, mais le travail. »
Encore une fois, je me trouve en accord avec Freinet. Comme lui, j’aurais pu écrire, à propos de l’enseignement explicite : « Notre
pédagogie est justement une pédagogie du travail. Notre originalité
c’est d’avoir créé, expérimenté, diffusé des outils et des techniques de
travail dont la pratique transforme profondément nos classes. »
Invariant n° 11 : « La
voie normale de l’acquisition n’est nullement l’observation,
l’explication et la démonstration, processus essentiel de l’École, mais
le Tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle. »
Les recherches les plus récentes ont prouvé de manière formelle que
c’est exactement l’inverse. L’hypothèse de base des constructivistes est
fausse. Et ce n’est pas en mettant une majuscule à “tâtonnement” que
cela rendra la démarche plus efficace.
Invariant n° 12 : « La
mémoire, dont l’École fait tant de cas, n’est valable et précieuse que
lorsqu’elle est intégrée au Tâtonnement expérimental, lorsqu’elle est
vraiment au service de la vie. »
On ne connaissait pas en 1964 ce que l’on sait aujourd’hui à propos
de la mémoire de travail et de la mémoire à long terme, qui sont les
mémoires les plus utilisées dans les apprentissages. Les sciences
cognitives actuelles contredisent cruellement cette certitude énoncée
par Freinet.
Invariant n° 13 : « Les
acquisitions ne se font pas, comme l’on croit parfois, par l’étude des
règles et des lois, mais par l’expérience. Étudier d’abord ces règles et
ces lois, en français, en art, en mathématiques, en sciences, c’est
placer la charrue devant les bœufs. »
Tout dépend si on veut être efficace pour des apprentissages rapides.
Pour mettre la charrue et les bœufs dans le bon ordre, il faut partir
du simple pour aller au complexe. Et non l’inverse, comme le préconise
Freinet avec ses expérimentations.
Invariant n° 14 : « L’intelligence
n’est pas, comme l’enseigne la scolastique, une faculté spécifique
fonctionnant comme en circuit fermé, indépendamment des autres éléments
vitaux de l’individu. »
Toujours le plaidoyer en faveur du tâtonnement expérimental, avec
l’intelligence comme argument. Mais qu’est-ce que l’intelligence ? Le
concept mériterait d’être défini avec précision [5].
Invariant n° 15 : « L’École
ne cultive qu’une forme abstraite d’intelligence, qui agit, hors de la
réalité vivante, par le truchement de mots et d’idées fixées par la
mémoire. »
Freinet veut réhabiliter ce qu’il appelle l’intelligence des mains,
l’intelligence artistique, l’intelligence sensible, etc. Pourquoi pas,
dès lors que les compétences de base sont solidement acquises…
Invariant n° 16 : « L’enfant n’aime pas écouter une leçon ex cathedra. »
Encore une attaque – justifiée – contre l’enseignement traditionnel,
pour promouvoir les pédagogies “actives” qui ne valaient guère mieux.
Elles sont la cause de classes agitées et bruyantes d’où les élèves
sortent fatigués, bien qu'ayant peu appris.
Invariant n° 17 : « L’enfant ne se fatigue pas à faire un travail qui est dans la ligne de sa vie, qui lui est pour ainsi dire fonctionnel. »
De fait, les élèves ne se fatiguent pas dans des tâches où ils
réussissent en ayant le sentiment d’avoir surmonté une difficulté. C’est
plus une question d’estime de soi que de “ligne de vie”.
Invariant n° 18 : « Personne,
ni enfant ni adulte, n’aime le contrôle et la sanction qui sont
toujours considérés comme une atteinte à sa dignité, surtout lorsqu’ils
s’exercent en public. »
Freinet n’a pas tort lorsqu’il écrit : « À l’École
traditionnelle, l’enfant est en principe toujours fautif. Le maître a
tendance à voir dans les travaux de ses élèves non ce qui est bien mais
ce qui est, selon lui, condamnable. » De même lorsqu’il ajoute : « Notre
rôle d’éducateur est (…) : non corriger mais aider à réussir et à
dépasser les erreurs. L’attitude aidante est la seule valable en
pédagogie. » Tout à fait d’accord, même si nos conclusions
diffèrent : pour Freinet, il faut implanter les méthodes “naturelles”,
alors que, selon moi, c’est par la pédagogie explicite qu’on aide
l’élève à réussir en vérifiant scrupuleusement, à chaque étape, la bonne
compréhension et en veillant au maintien en mémoire longue.
Invariant n° 19 : « Les notes et les classements sont toujours une erreur. »
Voilà un invariant qui est revenu en force ces derniers temps. C’est
un cheval de bataille des constructivistes. Selon eux, les notes et les
classements stigmatiseraient les élèves. Pourtant, même Freinet le
reconnaissait déjà, les parents d’élèves y tiennent car ils y trouvent
des repères compréhensibles sur le niveau de leur enfant, par rapport
aux autres et par rapport à lui-même dans son cursus. La phobie de
l’évaluation chez les constructivistes s’explique par la crainte qu’ils
ont de voir s’afficher à la vue de tous l’inefficacité de leurs
pratiques. Casser le thermomètre ne supprime pas la fièvre, mais on
pourra toujours dire qu'on ne savait pas.
Invariant n° 20 : « Parlez le moins possible. »
Et pour cela, Freinet donne le moyen : « N’expliquez pas à tout propos : cela ne sert à rien. »
En d’autres termes, laissez les élèves se dépatouiller avec les
situations problèmes que vous leur avez mis sous le nez. Probablement,
quelques-uns surnageront. Quant aux autres, qui sont la majorité, ils
couleront. Par opposition, je préfère la phrase célèbre de Siegfried
Engelmann, père du Direct Instruction : « Si l’élève n’a pas appris, c’est que le maître n’a pas enseigné. » Et pour enseigner, il faut expliquer tant que la compréhension n’est pas acquise.
Invariant n° 21 : « L’enfant
n’aime pas le travail de troupeau auquel l’individu doit se plier. Il
aime le travail individuel ou le travail d’équipe au sein d’une
communauté coopérative. »
On retrouve là aussi le dogme constructiviste qui affirme – sans
preuves – la suprématie du travail en groupe ou de la pédagogie
différenciée sur le travail avec la classe. Pourquoi ? On ne sait pas,
on ne l’explique pas. Il faudrait pourtant prouver que ces dispositifs
pédagogiques sont plus efficaces avant d’en proclamer la vertu. Et si
possible grâce à des enquêtes portant sur de grands nombres d’élèves, et
pas sur la seule classe d’un militant convaincu à l’avance.
Invariant n° 22 : « L’ordre et la discipline sont nécessaire en classe. »
Oui, vous avez bien lu ! Après avoir dit tout le bien qu’il pensait
de l’ordre militaire, voilà que Freinet le revendique dans ses classes.
Il faut dire que, déjà à cette époque, les écoles Freinet avaient la
réputation « d’un manque anarchique d’organisation », les gens pensant que « l’expression libre est synonyme de licence et de laisser-aller » (en lisant en creux ce que Freinet écrit, probablement non sans raison). Le pédagogue parle d’un “ordre profond”, fruit « d’une véritable technique de vie motivée, et voulue par les usagers eux-mêmes ». L’autodiscipline : rêve de tous les constructivistes…
Invariant n° 23 : « Les
punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous et
n’aboutissent jamais au but recherché. Elles sont tout au plus un
pis-aller. »
Les enseignants explicites réprouvent également les punitions
humiliantes, mais nous sommes pour des sanctions qui apprennent comment
il faut se comporter dans une collectivité comme une école ou une
classe. Freinet supprime les punitions mais ne dit pas comment les
remplacer avec un objectif éducatif. Il continue de rêver à des classes
idéales où règne la plus parfaite harmonie.
Invariant n° 24 : « La
vie nouvelle de l’École suppose la coopération scolaire, c’est-à-dire
la gestion par les usagers, l’éducateur compris, de la vie et du travail
scolaire. »
Freinet est un homme de son temps. Il a vécu l’âge d’or du mouvement
des coopérateurs et s’en est étroitement inspiré. Il reprend dans cet
invariant l’idée de la classe coopérative dont il fait un préalable
indiscutable. Il s’agit en fait d’un simple credo auquel on souscrit… ou
pas.
Invariant n° 25 : « La surcharge des classes est toujours une erreur pédagogique. »
Pour Freinet, « l’acquisition des connaissances reste malgré tout une fonction mineure de l’École » (!). Ce qui est important, « c’est la formation en l’enfant de l’homme de demain ». Toujours le vieux rêve totalitaire des constructivistes qui veulent changer la société en forgeant l’Homme nouveau [6].
Pour y parvenir, il faut des classes à effectif allégé. Moins il y a
d’élèves, plus l’harmonie dont il était question plus haut sera facile à
maintenir. Les constructivistes veulent des moyens, encore des moyens
et toujours des moyens. Or il ne s’agit pas d’un manque de moyens, mais
de conceptions d’enseignement erronées. Même avec dix élèves, la
pédagogie de découverte reste inefficace.
Invariant n° 26 : « La
conception actuelle des grands ensembles scolaires aboutit à l’anonymat
des maîtres et des élèves ; elle est, de ce fait, toujours une erreur
et une entrave. »
Freinet est partisan des petites écoles, de 5 à 6 classes. C’est son droit. De là à en faire une vérité verticale…
Invariant n° 27 : « On
prépare la démocratie de demain par la démocratie à l’École. Un régime
autoritaire à l’École ne saurait être formateur de citoyens démocrates. »
Qu’en sait-on ? Les exemples de grands démocrates qui sont passés
dans leur jeunesse par des écoles très strictes sont légion. En
revanche, les écoles totalitaires qui pratiquaient le bourrage de crâne
révolutionnaire n’ont pas été les pépinières de citoyens d’élite qu’on
espérait. Pour moi, c’est une évidence : celui qui respecte les enfants
n’entend pas les endoctriner. Je renvoie à la magnifique phrase de Jean
Rostand : « Former les esprits sans les conformer, les enrichir sans
les endoctriner, les armer sans les enrôler, leur communiquer une force
dont ils puissent faire leur force, les séduire au vrai pour les mener à
leur propre vérité, leur donner le meilleur de soi sans en attendre ce
salaire qu'est la ressemblance. »
Invariant n° 28 : « On
ne peut éduquer que dans la dignité. Respecter les enfants, ceux-ci
devant respecter leurs maîtres est une des premières conditions de la
rénovation de l’École. »
Tout à fait d’accord. Avec un bémol toutefois sur la “rénovation de
l’École” qui a servi de prétexte à toutes sortes de fadaises
pédagogiques.
Invariant n° 29 : « L’opposition
de la réaction pédagogique, élément de la réaction sociale et politique
est aussi un invariant avec lequel nous aurons, hélas ! à compter sans
que nous puissions nous-mêmes l’éviter ou le corriger. »
Peut-être que Freinet se souvient de Saint-Paul de Vence où la
municipalité – de droite – a obtenu sa mutation en s’appuyant sur une
sombre histoire de toilettes bouchées qui n’avaient pas été nettoyées.
Il reconnaît que plusieurs de ses partisans sont critiqués, dénigrés,
calomniés parce qu’ils « veulent aller de l’avant, parce qu’ils s’efforcent d’être de vrais éducateurs ». Pour Freinet, ce sont les martyrs de la cause…
Invariant n° 30 : « Enfin un invariant qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action : c’est l’optimiste espoir en la vie. »
Freinet précise : « Plus l’individu est jeune et neuf, plus il
éprouve le besoin d’avancer avec témérité. Quand l’autorité brutale
croit l’avoir stoppé dans son élan, le voilà qui prend clandestinement
des voies de traverse pour dépasser les obstacles et reprendre ensuite
sa marche en avant. » C’est précisément ce que font les enseignants
explicites dans des systèmes éducatifs complètement soumis aux dictats
constructivistes, depuis les formateurs jusqu’à la hiérarchie en passant
par les “experts” dont les médias raffolent. Leur lobby est toujours
puissant mais l’espoir a désormais changé de camp.
Il était temps…
[1] . Que Freinet, se prenant pour Érasme, appelle dédaigneusement “la scolastique”.
[2] . « C’est
une nouvelle gamme des valeurs scolaires que nous voudrions ici nous
appliquer à établir, sans autre parti pris que nos préoccupations de
recherche de la vérité, à la lumière de l’expérience et du bon sens. » (Introduction)
[3] . Les invariants n° 10bis, 10ter, 18 et 28.
[4] . Selon l’expression de Jean-Paul Brighelli, dans un de ses pamphlets paru en 2008.
[5] . Ailleurs, Freinet n’hésitait pas à parler d’« individus retardés, ou tarés » (Pour l’école du peuple).
[6] . Hitler et Staline ne disaient pas autre chose.