Il y a peu, le 14 octobre dernier sur Le Café pédagogique, Rémi Brissiaud nous ressortait la bonne blague
du tabouret :
« Pour bien faire comprendre la situation, risquons une métaphore et imaginons un pays dont les habitants pensent que pour apprendre à nager, il faut d’abord s’entraîner longuement à simuler les mouvements de la brasse hors de l’eau, sur un tabouret (…). En 1997, pour apprécier le niveau des élèves entrant au CP, il leur a été proposé une épreuve de brasse sur tabouret. Un peu après, les enfants de ce pays ne nageant pas aussi bien qu’espéré, il a été décidé d’abord en 2002, puis en 2008, de consacrer encore plus de temps à l’apprentissage des mouvements sur tabouret à l’école maternelle. L’épreuve de 1997, celle de brasse sur tabouret, a enfin été proposée aux élèves rentrant au CP en 2011 et, bien évidemment, ils avaient progressé EN BRASSE SUR TABOURET. Malheureusement, les résultats ont été annoncés sous la forme : « Grâce aux programmes récents de l’école maternelle, les élèves ont progressé EN NATATION ». Si la brasse sur tabouret éloigne les enfants de la natation plutôt que de les en rapprocher, on se rend compte de l’énormité de l’erreur commise ! »
On en rirait encore si cette métaphore constructiviste ne
commençait pas à dater un peu. Nicole Garcia, dans son livre À l’école des dyslexiques, rappelle qu’elle
est apparue dans les années 1970 chez les partisans des méthodes idéo-visuelles
d’apprentissage de la lecture (qui, depuis, ont fait faillite avec le
retentissement que l’on sait). On se gaussait de ces élèves qui, dans l’enseignement
traditionnel, apprennent à lire comme on pourrait apprendre à nager sur un tabouret au bord de la piscine…
La blague était tellement bonne que les constructivistes la
reprennent encore et encore, pensant toujours mettre les rieurs de leur côté.
Ils n’ont pas imaginé qu’on peut très bien filer cette
métaphore à leur sujet. Ainsi la démarche constructiviste consiste à balancer
les apprentis nageurs en plein milieu du grand bassin. Après quoi, on regarde ceux qui
parviennent à surnager.
Notons qu’il vaut mieux, à tout prendre, l’enseignement
traditionnel : il fait moins de victimes.
En pédagogie explicite, on regarde ce qui est efficace, on l'expérimente et on
le reproduit. Les néophytes sont mis à l’eau, avec des flotteurs, sous la
conduite d’un maître-nageur professionnel qui leur apprend les gestes
nécessaires pour nager (modelage). Puis, au fur et à mesure que les élèves
prennent de l’assurance, on enlève peu à peu les flotteurs (pratique guidée).
Enfin, lorsque les apprentis nageurs sont bien assurés, on les met dans le
grand bassin, toujours sous la surveillance active du maître-nageur (pratique
autonome).
Rien de plus simple !
Autre métaphore : certains collègues se demandent en
début de carrière s’ils doivent adopter les pédagogies de découverte ou un
enseignement instructionniste.
Personnellement, je pense que pour naviguer il est
préférable d’utiliser un bateau plutôt qu’une passoire. Même si on ne parle que
de passoire en formation initiale ou en formation continue. Et même si la
hiérarchie intermédiaire ne jure que par l'utilisation de la passoire. Après tout, on peut
exercer son métier de manière professionnelle, en ayant le souci de l’efficacité
et le goût du travail bien fait.
Enfin, d’autres collègues, pensant bien faire, préfèrent
adopter en classe tantôt l’expérimentation constructiviste tantôt l’enseignement
explicite.
Est-ce que le pédalo est utile pour venir en aide au cargo
pris dans la tempête ?
Ou alors, pour ceux qui préfèrent le plancher des vaches, on
n’attelle pas une caravane, fût-elle constructiviste, à une voiture de course
explicite.
Métaphores, métaphores…
Au risque de ne pas être charitable je vais compléter le tableau.
RépondreSupprimerCertains praticiens et militants constructivistes, après avoir fait tâtonner leurs élèves dans les méandres stériles de la découverte, consentent à leur transmettre quelques explications. Ils s’en justifient en disant que le constructivisme n’est pas hostile à ce type de transmission. C’est exactement comme si on vous disait : nous allons vous couper le doigt, mais ne vous inquiétez pas, nous vous conduirons immédiatement à l’hôpital. Métaphore tirée de l’excellent blog Webs of substance. :http://websofsubstance.wordpress.com
Métaphoriquement vôtre.
Il y a quarante ans, les Shadoks disaient : "Pourquoi prendre un chemin plus court puisqu'il en existe un plus long ?"
RépondreSupprimerIls auraient donc pu servir de référence au constructivisme.