Auteurs : Viviane
Bouysse et Gilles Pétreault
Rapport n° 2012-129
11.2012
Ce rapport prétend faire le point sur le dispositif
P.A.R.L.E.R. (Parler, Apprendre, Réfléchir, Lire Ensemble pour Réussir). Conçu
par Michel Zorman, médecin de l’éducation nationale, conseiller technique du
recteur, en relation avec l’université Pierre-Mendès-France de Grenoble,
P.A.R.L.E.R. est défini comme un « enseignement explicite et systématique de
la conscience phonologique et du code alphabétique ainsi que son utilisation
intensive et fréquente […] aussi bien en lecture qu’en production d’écrits.
Parallèlement, un enseignement explicite de la compréhension et du vocabulaire
de l’écrit oralisé est réalisé ». Cette volonté d’enseignement
explicite ne peut qu’être louée. D’autant que le programme s’inspire des
conclusions du National Reading Panel, dans son rapport de 2000, et reprend les
principes qui définissent depuis quelques années les pédagogies efficaces.
Pour autant, les rapporteurs dressent un rapport à charge
qui est resté dans les mémoires pour ce passage :
« L’examen des deux dispositifs conduit également à se questionner dans un registre plus éthique que technique : jusqu’où peut-on engager de l’argent public sans appel à projets, sans débat entre acteurs (de tout niveau hiérarchique) et partenaires du système éducatif (au premier rang desquels les parents) sur ce qui est proposé ? Peut-on laisser se dérouler une expérimentation sans se donner les moyens de vérifier que les intérêts des élèves sont préservés, sans s’assurer que des errements susceptibles de les compromettre seront corrigés ? On perçoit parfaitement que l’on courrait ainsi le risque d’introduire des biais dans le déroulement de l’expérimentation et de perturber son évaluation mais les classes ne sont pas des laboratoires ; les élèves ne peuvent être réduits à un statut de “cobayes” sur lesquels on exerce une action pour en voir les effets. Est-il normal de ne pas informer précisément les parents des conditions d’une expérimentation en milieu scolaire ? Peut-on se désintéresser de l’accompagnement des après-coups de l’expérimentation ? Si celle-ci ne donne pas les effets positifs escomptés, voire produit des effets négatifs, qui prend en compte la déception des enseignants et les aide à retrouver une motivation, qui fait face aux interrogations légitimes des parents ? Au terme de cette étude, il apparaît que notre ministère gagnerait à engager une réflexion sur ce que l’on pourrait nommer une “éthique des expérimentations”. »
La question de cette “éthique des expérimentations” ne s’est
jamais posée à propos d’élucubrations d’inspiration constructiviste, mises en œuvre
de manière dispendieuse alors qu’elles sont de toute évidence des simulacres
sans intérêt pédagogique, et bien sûr jamais sérieusement évaluées par un
organisme indépendant.
Mais avec P.A.R.L.E.R., les rapporteurs s’attaquent à un
enseignement qui se veut explicite et qui obtient des résultats. Cela explique sans doute cette vindicte ?
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