Source : Le Soleil
26.08.2017
Élisabeth Fleury
(Québec) Devant le succès du système Soutien au
comportement positif (SCP), qui a été déployé dans plus d'une soixantaine
d'écoles québécoises pour favoriser la bonne conduite des élèves et, partant,
leur réussite scolaire, le spécialiste en psychoéducation Steve Bissonnette
cherche à en étendre la portée.
Le professeur au Département d'éducation de la TÉLUQ, qui
est à l'origine de l'implantation du programme au Québec, a publié cette
semaine un appel d'offres pour trouver un professionnel de recherche qui se
joindra à son équipe.
« La demande pour
implanter le programme augmente de façon importante, et il nous faut une plus
grande équipe pour le déployer dans d'autres écoles », explique en entrevue
au Soleil Steve Bissonnette, qui travaille déjà avec le centre de
psychoéducation Boscoville de Montréal pour étendre son offre de service. « Idéalement, on implanterait le programme
dans toutes les écoles », rêve le chercheur.
Aux États-Unis, le programme Positive Behavorial Interventions
and Supports existe depuis plus de 20 ans et a été déployé dans quelque 23 000
écoles. Il a également été appliqué par trois conseils scolaires francophones
de la région d'Ottawa avant d'attirer l'attention de Steve Bissonnette, qui a
participé à sa traduction et l'a adapté pour le Québec il y a près de 10 ans.
Le SCP se définit comme l'utilisation d'un ensemble de
pratiques et de stratégies éducatives destinées d'une part à prévenir et à
gérer efficacement les écarts de conduite des élèves et d'autre part à créer et
à maintenir un environnement favorisant l'enseignement et l'apprentissage.
« Au lieu d'une
approche punitive, coercitive, on adopte une façon de faire proactive et
préventive en enseignant et en encourageant les bons comportements. L'idée,
c'est d'enseigner les bons comportements comme on enseigne la lecture et
l'écriture. Il ne suffit pas de dire les bons comportements, il faut aussi les
enseigner », résume le professeur Bissonnette.
Ce qui ne signifie évidemment pas qu'il ne faut pas punir
les élèves quand ça ne va pas, nuance le spécialiste. L'élève qui présente de
sérieux écarts de conduite a peut-être des besoins particuliers qui dépassent
les interventions comportementales usuelles et nécessitent l'intervention
d'autres professionnels, ajoute-t-il.
Valoriser les bons comportements
« Ce qu'on dit, c'est
qu'il faut considérer les bons comportements comme un objet d'enseignement.
Lorsque les jeunes savent exactement ce qu'on attend d'eux, qu'on leur demande
de mettre en pratique ce qu'on leur enseigne, qu'on assure une rétroaction de leurs
comportements et qu'on les valorise quand ils agissent bien, on a plus de
chances de voir les écarts de conduite diminuer », explique le chercheur.
Renforcer un comportement positif peut être aussi simple que
de féliciter un élève qui a levé la main avant de prendre la parole, illustre
le professeur.
En diminuant les écarts de conduite, on favorise la réussite
scolaire et on prévient le décrochage, enchaîne M. Bissonnette. « Quand on regarde les élèves qui ont des
difficultés scolaires, ce sont ceux qui ont des problèmes de comportement qui
persévèrent le moins. Un élève qui est moins souvent en retenue et plus souvent
en classe apprend nécessairement plus le contenu éducatif », fait-il
valoir.
Résultats probants
Selon lui, les résultats du SCP, qui a notamment été
implanté dans des écoles des commissions scolaires de Portneuf et des
Appalaches, sont probants. Il cite l'exemple d'une école primaire montréalaise
de 400 élèves, où on dénombrait pas moins de 2000 sorties de classe
par année, soit l'équivalent de cinq par élève par année. Après un an
d'implantation du programme SCP, les sorties de classe dans cette école ont
diminué de... 60 %. « C'est
spectaculaire ! » se réjouit M. Bissonnette.
Et la beauté de la chose, c'est que les résultats sont
durables. Mieux, les écarts de conduite continuent de chuter au fil des ans,
observe le chercheur, qui a implanté le programme pour la première fois en
2009-2010 dans une école de Saint-Jérôme. « Ce
n'est pas juste un effet wow. Les effets se mesurent aussi à moyen et long
terme », dit le spécialiste en psychoéducation.
Pour que le programme puisse être implanté dans une école
primaire ou secondaire, deux conditions sont essentielles : le personnel doit y
adhérer dans une proportion d'au moins 80 %, et la direction doit assurer
un fort leadership. « C'est un programme
exigeant, et quand on le déploie, on veut que ça marche », explique Steve
Bissonnette, tout en assurant que le SCP n'augmente pas la charge de travail
des enseignants. « On ne leur demande pas
d'en faire plus, mais de faire autrement. »
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