Journée Défense et Citoyenneté 2016
Environ 1 jeune Français sur 10
en difficulté de lecture
Auteurs : Philippe
Arzoumanian, Léa Chabanon, Jean-Philippe Rivière, Fanny De La Haye, Jean-Émile
Gombert
MEN-DEPP : Note d'information, n° 17
06.2017
En 2016, environ un jeune participant à la Journée Défense et Citoyenneté (JDC) sur dix rencontre des difficultés dans le domaine de la lecture. Pour la moitié d’entre eux, ces difficultés se révèlent sévères. Un jeune sur dix a une maîtrise fragile de la lecture. Par contre, près de huit sur dix sont des lecteurs efficaces et chez les filles, ce sont environ neuf sur dix qui sont des lectrices efficaces.
Les performances en lecture progressent avec le niveau
d’études. Elles sont globalement plus élevées chez les filles que chez les
garçons. En France métropolitaine, c’est au nord de la Loire que les
difficultés de lecture sont les plus fréquentes.
En 2016, plus de 760 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans, de
nationalité française, ont participé à la Journée Défense et Citoyenneté (JDC).
Selon les évaluations effectuées à cette occasion, 10,8 % d’entre eux sont en
difficulté de lecture. C’est d’abord le niveau en compréhension de l’écrit
(traitements complexes) qui distingue les jeunes ayant des difficultés de ceux
qui n’en ont pas. Les lecteurs efficaces se distinguent des lecteurs médiocres
par une connaissance supérieure du vocabulaire.
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5,1 % des jeunes peuvent être considérés en situation
d’illettrisme
L’étude des différents profils des 10,8 % de jeunes dont la
compréhension en lecture est très faible (profils 1 à 4), voire inexistante,
permet de préciser la nature des difficultés qu’ils rencontrent.
Ceux qui rencontrent les difficultés les plus sévères
(profils 1 et 2), et qui représentent 5,1 % de l’ensemble, se caractérisent par
un déficit important de vocabulaire. De surcroît, les jeunes du profil 1 (3,2
%) n’ont pas installé les mécanismes de base de traitement du langage écrit.
Les jeunes des profils 1 et 2 peuvent être considérés en situation d’illettrisme,
selon les critères de l’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme).
Les jeunes des profils 3 et 4 (5,7 %) ont, quant à eux, un
niveau lexical oral correct mais ne parviennent pas à comprendre les textes
écrits. Pour les jeunes du profil 3 (2,6 %), des mécanismes de lecture
déficitaires peuvent être invoqués. Quant à ceux du profil 4 (3,1 %), ils ont
un niveau de lexique correct mais comprennent mal ce qu’ils lisent.
11,7 % de jeunes aux acquis limités
L’évaluation permet d’identifier des profils particuliers de
lecteurs : les jeunes des profils 5a et 5b parviennent à compenser leurs
difficultés pour accéder à un certain niveau de compréhension. Pour eux, les
composants fondamentaux de la lecture sont déficitaires ou partiellement déficitaires.
Les jeunes du profil 5b (7,9 %) qui ont pu rencontrer des
difficultés de compréhension de certains mots dans les épreuves complexes ont
su compenser leur lacune de vocabulaire pour parvenir à une compréhension
minimale des textes. Ce type de compensation est plus remarquable encore chez
les jeunes du profil 5a (3,8 %) chez qui le déficit lexical se double de
mécanismes de traitement des mots déficients (ils affichent un temps moyen de
déchiffrage de 2,5 secondes contre 1,6 seconde pour les jeunes du profil 5b).
On peut supposer que pour les profils 5a et 5b, l’activité de lecture, sans doute plus coûteuse sur le plan cognitif, ne constitue pas un moyen facile permettant d’enrichir efficacement leurs connaissances lexicales. La lecture reste pour ces deux profils une activité laborieuse mais qu’ils savent mettre en œuvre pour en retirer les fruits.
On peut supposer que pour les profils 5a et 5b, l’activité de lecture, sans doute plus coûteuse sur le plan cognitif, ne constitue pas un moyen facile permettant d’enrichir efficacement leurs connaissances lexicales. La lecture reste pour ces deux profils une activité laborieuse mais qu’ils savent mettre en œuvre pour en retirer les fruits.
Ces résultats soulignent l’importance de la compétence
lexicale. Les jeunes des profils 5a et 5b reconnaissent seulement une dizaine
de mots parmi les vingt vrais mots présents dans une liste qui mélange des mots
et des « pseudo-mots », créés pour les besoins de l’évaluation. Leurs
performances sont nettement en-deçà de celles des « lecteurs efficaces »
(dix-sept vrais mots reconnus en moyenne).
On peut imaginer que ces lecteurs défaillants, pour rendre
la tâche plus facile, emploient une stratégie de compensation qui consiste à
faire des hypothèses sur le produit de leur lecture. Pour cela, il leur est
indispensable d’avoir un lexique suffisant pour réduire les probabilités
d’échec et faire de cette stratégie une façon de lire fructueuse.
L’automatisation des processus cognitifs impliqués dans l’identification de
mots ne permet pas toujours de garantir l’efficacité de traitement d’écrits
complexes.
77,5 % de lecteurs efficaces
Les profils 5d et 5c ont été regroupés sous l’appellation «
lecteurs efficaces ». Les profils 5d, soit 63,6 % des jeunes ayant participé à
la JDC en 2016, ont réussi les trois modules de l’évaluation. Ils possèdent
tous les atouts pour maîtriser la diversité des écrits et leur compétence en
lecture devrait évoluer positivement.
Quant au profil 5c (13,9 % de l’ensemble des jeunes), il
désigne une population de lecteurs qui, malgré des déficits importants des
processus automatisés impliqués dans l’identification des mots, réussit les
traitements complexes de l’écrit, et cela en s’appuyant sur une compétence
lexicale avérée. Leur lecture est fonctionnelle grâce à une stratégie de
compensation fructueuse. Ils ont su adapter leur vitesse de lecture, relire et
maintenir un effort particulier d’attention en dépit de leur mauvaise
automatisation des mécanismes de base de la lecture (décodage, identification
des mots). Ces lecteurs mettent au service de la lecture une compétence
langagière ancrée dans l’oralité. La faible vitesse avec laquelle ils traitent
les écrits marque la différence entre eux et les lecteurs du profil 5d. Les
lecteurs du profil 5c sont efficaces mais plus lents : en moyenne, ils mettent
2,5 secondes à déchiffrer une paire de mots, contre 1,5 seconde pour les jeunes
du profil 5d.
La question qui se pose pour ces jeunes reste celle des
effets d’un éventuel éloignement des pratiques de lecture et d’écriture :
les mécanismes de base étant insuffisamment automatisés, le risque est que
l’érosion de la compétence les entraîne vers une perte d’efficacité importante
dans l’usage des écrits. Les sollicitations de leur environnement professionnel
et social seront donc déterminantes.
45,8 % des jeunes de niveau collège ont des difficultés
de lecture
Quatre types de scolarité ont été définis en fonction des
formations que les jeunes déclarent suivre ou avoir suivies. Les jeunes en
difficulté de lecture sont de moins en moins nombreux à mesure que le niveau
d’études s’élève : de 45,8 % chez ceux qui n’ont pas
dépassé le collège à 4,3 % chez ceux qui déclarent suivre ou avoir suivi au moins
des études générales ou technologiques au lycée. Ils représentent aussi une
part encore importante chez ceux qui, à 17 ans environ, ont un niveau CAP ou
BEP (28,5 %).
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Les garçons plus souvent en difficulté que les filles
Le pourcentage de jeunes en grande difficulté est très différent
selon le sexe : 12,4 % des garçons contre 9,2 % des filles. De fait, les
garçons réussissent moins bien les épreuves de compréhension (traitements
complexes). De plus, ils témoignent plus souvent d’un déficit des mécanismes de
base de traitement du langage écrit, ce qui explique leur présence
significativement plus importante dans les profils 1 et 3.
Les différences garçons/filles s’observent en particulier
pour les niveaux d’études les moins élevés. À partir du niveau baccalauréat,
pour les trois épreuves, les performances des garçons et des filles ne sont pas
significativement différentes. Plus précisément, les garçons n’ayant pas
dépassé le collège sont, en moyenne, légèrement moins rapides que les filles à
l’épreuve d’automaticité. En lexique, ils obtiennent de meilleurs résultats que
les filles à niveau d’études égal, mais ont dans l’ensemble un niveau similaire
à celui des filles. En traitements complexes, bien que les scores des filles et
des garçons soient proches à niveau scolaire égal, les garçons sont moins
performants dans l’ensemble. Ces résultats, apparemment contradictoires,
s’expliquent par un effet de structure : le pourcentage de garçons est
plus élevé que celui des filles dans les niveaux scolaires les plus bas.
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Dans la France métropolitaine, l’académie d’Amiens est la
plus touchée par les difficultés en lecture
La fréquence des difficultés de lecture est, en France
métropolitaine, plus prononcée dans des départements du nord ou entourant
l’Île-de-France. La part des jeunes en difficulté de lecture s’élève ainsi à
17,7 % dans l’Aisne et 17,5 % dans la Somme. Elle atteint aussi 14,4 % dans la
Nièvre et 13,5 % dans l’Oise. Elle est en revanche inférieure à 10 % en moyenne
dans les départements bretons. En Île-de-France, la part des jeunes en
difficulté varie de 5 % à Paris à 11,8 % en Seine-Saint-Denis. Concernant
l’outre-mer, les pourcentages sont nettement plus élevés : autour de 30 %
pour la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion, 48 % en Guyane et 73 % à
Mayotte.
Les comparaisons entre départements doivent toutefois être
maniées avec précaution. En effet, ces résultats concernent des jeunes de
nationalité française, qui représentent environ 96 % des générations
scolarisées en France, cette proportion pouvant être sensiblement différente
d’un département à l’autre. De plus, les jeunes participants à la JDC n’ont pas
tous le même âge. Certains jeunes, en proportion variable selon les
départements, ne se sont pas encore présentés à la JDC, et l’on sait, de par
les précédentes enquêtes, qu’ils auront globalement de moins bons résultats que
les autres.
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