Le moral des IEN
Constat - Analyse - Propositions
Georges Fotinos
(en collaboration avec Juan Mario Horenstein)
Congrès du SNIEN-UNSA
Noisiel, 11.05.2016
Source : Vousnousils
Lors de son congrès national organisé le 11 mai 2016 à
Noisiel, le Syndicat de l’Inspection de l’Éducation Nationale (SIEN-UNSA) a relayé une étude sur
le moral des IEN. Réalisée
par Georges Fotinos, spécialiste du climat scolaire, et par Juan
Mario Horenstein, psychiatre au centre de santé mentale et de réadaptation de
Paris (MGEN), en collaboration avec la Casden et Vitruvian
Consulting, cette enquête révèle « un malaise profond » chez les inspecteurs.
« De nombreux inspecteurs apparaissent
aujourd’hui en souffrance morale, physique et psychologique », indique
le SIEN-UNSA sur son site. Selon l’enquête, 19 % des IEN considèrent que
leurs relations avec les enseignants se
sont dégradées. Pour 41 % d’entre eux, ce sont les relations avec les recteurs et les inspecteurs d’académies qui
sont loin d’être au beau fixe. 47 % des IEN s’estiment « peu
ou pas du tout satisfaits » quant à leur relation avec la hiérarchie,
ne s’estiment pas suffisamment « écoutés »,
« respectés » ou « considérés ». Concernant les
relations avec les parents,
les IEN sont 25,5 % à les percevoir comme « dégradées ».
Selon l’étude menée par Georges Fotinos et Juan Mario
Horenstein, 80 % des inspecteurs
de l’éducation nationale estiment que « les décisions sont prises d’en haut », et 46 %
considèrent ne pas disposer « d’une
marge d’autonomie et d’initiative » suffisante. En outre, 41 % des IEN ont « le sentiment » que leur hiérarchie
« ne les soutient pas ».
En ce qui concerne précisément les conditions de travail des inspecteurs, 80 % de ces derniers remarquent une « dégradation », surtout depuis ces
9 dernières années. 37 % des IEN ne
sont « pas satisfaits » du
travail en équipe avec leurs collègues.
La plupart des IEN passent
beaucoup de temps en déplacement, 70 % parcourant entre 5 000 et 30 000 km par
an. Les inspecteurs sont
en outre 63 % à dépasser les 45 heures de travail hebdomadaire, travaillant
entre 51 et 60 heures par semaine, si ce n’est plus.
Résultat, 95 % des IEN ont le sentiment d’être « soumis au stress », 88 % estimant que
cette situation a tendance à se dégrader. Pire : 28 % des inspecteurs
ne « trouvent pas de sens »
dans « le travail réalisé »,
et 47 % ne s’estiment pas « reconnus »
dans leur travail. Enfin,
38 % ne considèrent pas leur métier comme
« motivant ».
En ce qui concerne le moral des IEN,
il est « moyen » et « mauvais » chez 65 % d’entre
eux. Ce moral « se dégrade » pour 57 % des inspecteurs.
Suite à cette étude, le SIEN-UNSA engage « tous
ceux qui le souhaitent à s’exprimer, car il est clair qu’il nous faut faire
entendre le désarroi dans lequel se trouvent de nombreux collègues, si nous
voulons rétablir des conditions de travail plus satisfaisantes.
» Le Syndicat de l’Inspection de l’Éducation Nationale prévient qu’il
« s’engagera fermement dans cette
voie ».
Fabien Soyez