Source : Valeurs Actuelles
Des professeurs des écoles « incultes » ?
C’est le jugement sévère qu’émet le jury des professeurs des écoles à la suite
de la publication des résultats du concours validant le recrutement des
enseignants du primaire. Ainsi, Marianne se fait l’écho, le 9 décembre,
des nombreux recteurs d’académie qui déplorent une baisse généralisée du niveau
des professeurs des écoles.
Dans leurs rapports, les correcteurs dénoncent le manque inquiétant de manque
de culture générale des candidats ainsi que leurs nombreuses lacunes en
orthographe, mathématiques, ou l’utilisation fréquente de références
douteuses. « Très peu de candidats citent des sources qui
permettraient de démontrer une culture personnelle, déplore le rapport
de l’académie de Lille. Certains le font en se trompant d’auteur, en
citant une émission de télé-réalité ou des dessins animés de Disney. Une petite
minorité est en mesure de citer quelques lectures personnelles. »
Les correcteurs s’étonnent également « du manque de maîtrise de la
langue française », relevant « énormément d’erreurs orthographiques,
des fautes de syntaxe et des expressions familières », indique le même
rapport. « La ponctuation est absente de certaines copies, les
virgules, d’une manière générale, sont peu utilisées. » Marianne
cite ainsi l’exemple du mot “chancelant”, que « très
peu de candidats » sont en mesure de définir et d’utiliser à bon
escient, « au grand étonnement des correcteurs, puisque le contexte
était fortement aidant ».
La majorité des candidats de l’académie de Lille relient cet adjectif (qui
signifie “vacillant”) au radical “chance” ou “chant”. Pour sa part, le jury de
Besançon fustige « les mots familiers tels que “cool” », qui
« n’ont pas lieu d’apparaître dans une copie de concours qui vise à
recruter de futurs experts qui auront en charge d’enseigner la langue française
aux plus jeunes élèves ».
Dans la cité phocéenne, les candidats obtiennent une moyenne générale de 1,84
sur 4 pour la partie « lexique et compréhension lexicale ».
Dans une note consultée par Marianne, le jury explique que « le
point faible des candidats demeure le lexique. Cela avait déjà été observé
l’année dernière, mais le constat est à nouveau alarmant cette année, en
atteste la moyenne obtenue à cette partie ». Les correcteurs se
montrent très sévères et fustigent « l’inculture littéraire et
artistique de nombre de candidats ».
Alors que la France fait mine de vouloir se réindustrialiser, la maîtrise des
mathématiques par les candidats est quelque peu… chancelante. Le jury de
Besançon note même que « le nombre de copies affichant des non-réponses
est en nette augmentation », alors que le sujet est jugé « accessible »
et que les « formules de calcul sont données ». Les
résultats médiocres des aspirants professeurs interrogent les correcteurs « sur
la qualité de maîtrise par les candidats des contenus des programmes de
l’épreuve et des notions mathématiques convoquées ».
Des relâchements dans la maîtrise de la langue se font également sentir,
puisque « des expressions familières, une grande impropriété lexicale,
une langue pauvre, au lexique répétitif et sans pertinence, ainsi qu’une
mauvaise orthographe » parsèment les copies de mathématiques.
L’académie de Strasbourg note ainsi que de « très nombreux candidats ne
connaissent pas la définition d’un nombre décimal ».
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