Je me suis enfin contraint à lire “le” Michéa. Quitte à décevoir tous ceux qui n’ont de cesse d’en tresser les louanges, je dois avouer que ce livre m’a déplu et sur la forme et sur le fond.
Sur la forme, car on y retrouve toutes les ficelles de celui qui veut davantage faire étalage d’érudition qu’œuvre utile. À commencer par un apparat critique extravagant pour le format de ce livre : notes de bas de page à profusion plus notes de fin de texte… qui comportent elles-mêmes des notes de bas de page ! J’ai même vu une note de bas de page occuper la totalité d’une page (p 127). Cette avalanche de notes dans les notes agace le lecteur plus qu’elle ne le renseigne. Autre indice de fatuité intellectuelle : affirmer l’importance verticale d’auteurs parfaitement inconnus en dehors de quelques microcosmes restreints ou faire des citations interminables tirées de livres oubliés de tous pour illustrer une idée qu’on a d’ailleurs perdue en cours de route. Il y a toutes les apparences du discours intellectuel, mais qu’en est-il du contenu ?
Pas grand-chose non plus. En tout cas sur l’École. Sur le reste, en revanche, on trouve de tout. Cela va des Guignols de l’info à Adam Smith, de Chesterton à Halloween. Quant à l’École, la cause de tous ses malheurs vient du capitalisme. La thèse est simple : le capitalisme aurait besoin de travailleurs flexibles et de citoyens stupides, ce qui implique une éducation où les jeunes seront préparés à faire n’importe quoi et à penser ce qu’il faut. Cette thèse simpliste est contredite, par exemple, par la publication en 1983 du rapport A nation at risk qui prônait au contraire l’excellence en éducation ; les Américains s’étant aperçus qu’un enseignement médiocre plombait leur économie dans la concurrence capitaliste mondiale. Qu’est-ce qui rapporte de l’argent ? Des ouvriers incapables ou des ouvriers performants ? La réponse est pourtant simple à trouver.
L’auteur croit à la théorie du complot : il mentionne avec dégoût des groupes occultes comme le Siècle ou la Trilatérale. Il croit qu’il s’agit d’un plan concerté. Pas moi. Je pense plus prosaïquement que la débâcle de l’École résulte de la crise des valeurs des sociétés post-industrielles, dont le monde du spectacle et celui des médias font l’infatigable promotion depuis les années 1960. Et ce, sans que les intellectuels dénoncent le danger de cette mentalité de gavés avec la vigueur qu’il aurait fallu, étant eux-mêmes sous le charme ou en pointe. Mentalité de gavés qui se retrouve dans les pratiques pédagogiques inefficaces du constructivisme qui nécessitent toujours plus de temps et toujours plus de moyens, et qui revendiquent toujours moins d’efforts et toujours moins d’ambition. Où sont les esprits libres ? Où sont ceux qui regimbent et qui n’acceptent pas cette déconfiture ? Qui est capable de mener le combat ? Certainement pas un révolutionnaire de salon...
Ajouté à cela que l’auteur entonne l’antienne contre l’ordinateur à l’École, et la coupe est pleine. À rebours de cette position archaïque, je rappelle que l’informatique est aujourd’hui aussi néfaste au travail scolaire que le stylo à bille l’avait été dans les années 1970. De nouveaux outils apparaissent, il faut que les élèves apprennent à les maîtriser. Que cela convienne à ceux d’un âge mûr – pour rester poli – ou pas.
Au final, voici un livre qui plaira sûrement à ceux qui veulent un alibi de gauche (la lutte contre le capitalisme) pour dénoncer la faillite de l’enseignement de ces quarante dernières années. Piètres convictions qui situent sur un terrain politique inaccessible des problèmes qui restent au quotidien bien pratiques. Et pour cela, le livre de Michéa ne m’a strictement rien apporté…
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L'enseignement del'ignorance – Et ses conditions modernes
Jean-Claude MICHÉA
Éd. Climats (coll. Micro-Climats), 09/1999, 139 p.
Franz Xaver Messerschmidt
le problème de l'enseignement ne viendrait t-il pas tout simplement de ses enseignants. Au cours de ces 2 ou 3 dernières décénies les manifs des enseignants se sont toujours déroulées avec les meme revendications dont la principale fut de tout temps plus de moyens financiers. Mais plus de moyens financiers a toujours sous entendus de meilleurs salaires pour les enseignants. Car pour le reste malgré la gratuité de l'école les parents sont mis à contribution pour de nombreuses fournitures scolaire. Il est clair que les bâtiments scolaires ,pour un grand nombre d'entre eux doivent etre rénover,moderniser ou agrandis je n'en doute pas. Les enseignants ne devraient ils pas faire leur autocritique? Il me semble qu'ils manquent de motivation,de disponibilité et meme d'intérêts ou de capacité à communiquer leur savoir à des gamins qui ne voient plus l'intérêt de l'école voir de l'étude. Ils devraient aussi avoir plus de respect pour leurs élèves et ne pas considérer les moins "performants" d'entres eux comme des inutiles,des abrutis ou des idiots qui sont à abandonner au fond des classes ou près des radiateurs. Evidement pour ce faire ils est préférable d'avoir des centres d'intérêts un peu différents de ceux du grand public pour essayer de motiver et d'intéresser les élèves au contenu des cours. Bien sur les médias actuels plus motivé par le rendement financiers de leurs programmes n'aident pas,vu la pauvreté des programmations aux heures de grande écoute. La jeunesse a et a toujours eu un grand besoin de respect,de justice et surtout d'écoute que, je crois, on ne lui donne pas ou plus dans les écoles. Longtemps j'ai entendu des profs parler de leur profession comme d'un sacerdoce mais malheureusement cette notion n'est plus fort dans l'air du temps aujourd'hui. Dans le contexte actuel et d'après ce que je vois de l'évolution de notre société depuis les années 70 il me semble que les idées de monsieur micea ne sont pas si stupide que cela et méritent d'etre étudieés avec un regard indépendant de toutes couleurs politique et de réfléchir plutôt sur le fond que sur la forme,car nul n'est parfait et si notre point de vue sur le monde est le bien etre de tous alors cette réflexion s'impose.
RépondreSupprimerAvec une maîtrise aussi peu assurée de l’orthographe, on comprend qu’Anonyme en veuille autant aux enseignants. Manifestement, ses instituteurs ont mal fait leur métier. Probablement parce qu’ils appliquaient les démarches constructivistes qui se sont rapidement imposées dans les classes dès les années 1970. Cet enseignement inefficace a sacrifié des générations d’élèves, au point qu’on se retrouve maintenant avec des adultes qui ne savent pas écrire trois mots sans faire cinq fautes. Ce qui est gravement invalidant, surtout quand on s’exprime publiquement…
RépondreSupprimerC’est ce constructivisme pédagogique que je dénonce avec acharnement. Au lieu de mettre tout le monde dans le même sac, Anonyme ferait mieux de soutenir les enseignants instructionnistes afin que ses enfants, au terme de leur scolarité, ne souffrent pas des mêmes lacunes que lui.