Source : Le Journal de Montréal
Une étude révèle que le Renouveau pédagogique a causé du tort
La réforme scolaire au
secondaire est un échec, selon une vaste étude commandée par le ministère de
l’Éducation. Loin d’atteindre ses objectifs, le renouveau pédagogique a même
fait plus de tort que de bien chez les garçons et les élèves à risque,
concluent les chercheurs.
Le constat est
implacable. Vous pouvez consulter l’étude ici.
« Dans un contexte où le renouveau pédagogique visait d’abord et avant
tout à démocratiser la réussite scolaire et à diminuer le décrochage, force est
de constater qu’il n’a pas produit les effets attendus », peut-on lire dans
ce rapport final d’une centaine de pages mis en ligne lundi sur le site du
ministère de l’Éducation.
« C’est un constat d’échec, c’est clair », lance Égide Royer,
professeur spécialisé en adaptation scolaire à l’Université Laval.
La réforme scolaire est
implantée dans les écoles du Québec depuis une quinzaine d’années, mais ce
n’est qu’en 2007 que le ministère de l’Éducation a confié à une équipe de
chercheurs de l’Université Laval le mandat de mesurer ses effets auprès des
élèves du secondaire.
Ces travaux dirigés par
le professeur Simon Larose ont permis de comparer une cohorte de jeunes n’ayant
pas été exposés au renouveau pédagogique avec deux autres cohortes d’élèves de
la réforme.
Cette étude permet de
conclure que la réforme a raté l’une de ses principales cibles. Les garçons,
les élèves à risque et les anglophones qui ont été exposés à la réforme ont été
moins nombreux à obtenir leur diplôme du secondaire que ceux qui n’ont pas
connu le renouveau pédagogique, peut-on lire dans le rapport.
La réforme n’a pas non
plus permis aux élèves d’obtenir de meilleures notes. En français, malgré
l’ajout de 150 heures d’enseignement, la réforme n’a pas permis d’améliorer les
compétences et les connaissances des élèves, conclut le rapport.
De « légères baisses » dans la réussite à l’épreuve d’écriture de
cinquième secondaire, particulièrement en orthographe, ont aussi été
constatées.
Le scénario est semblable
en mathématiques. Malgré l’ajout de 50 heures d’enseignement, la réforme « n’a pas eu l’effet bénéfique anticipé sur
les connaissances des élèves », peut-on lire. Les élèves à risque et ceux
venant de milieux défavorisés ont même récolté de moins bonnes notes que ceux
qui n’ont pas connu la réforme.
Par ailleurs, les élèves
et les parents interrogés dans le cadre de cette étude ont une vision plus
négative de l’école que ceux qui n’ont pas goûté au renouveau pédagogique.
Avec cette étude en main,
« tu ne peux pas conseiller à personne
d’appliquer cette réforme », lance M. Royer.
Pour expliquer ce sombre
constat, les auteurs de l’étude avancent plusieurs hypothèses. Le contenu de
certains programmes a été rehaussé, ce qui aurait pu entraîner des difficultés
chez les élèves.
Les professeurs
pourraient avoir manqué de formation et d’accompagnement pendant cette période
de transition.
Par ailleurs, les
nombreux chambardements engendrés par l’implantation de cette réforme ont pu
causer du stress et de la résistance, ce qui peut aussi avoir eu un impact
négatif sur la qualité de l’enseignement et de l’encadrement des élèves,
peut-on lire.
Il a été impossible mardi
de joindre les auteurs du rapport.
Faits saillants de l’évaluation de la réforme au secondaire
- Baisse du taux de
diplomation au secondaire chez les garçons, les élèves à risque et les élèves
anglophones.
- Légère baisse des
résultats à l’épreuve d’écriture en cinquième secondaire, particulièrement en
orthographe.
- Baisse des résultats en
mathématiques chez les élèves à risque et ceux venant de milieux défavorisés.
- Vision plus négative de
l’école selon les élèves de la réforme et les parents interrogés.
L’ABC de l’évaluation de la réforme au secondaire
Cette étude est basée sur
:
- Des questionnaires
remplis par 3700 élèves et 3900 parents.
- Les résultats à
l’épreuve d’écriture du français en cinquième secondaire, la moyenne et le taux
de diplomation de trois cohortes d’élèves.
- L’étude s’est déroulée
sur une période d’environ cinq ans.