L’auteur a eu le mérite, avec ce livre, de dénoncer l’inefficacité de la
formation professionnelle initiale reçue dans les IUFM par les maîtres du
Primaire. On pourrait d’ailleurs en dire autant de la formation continue,
essentiellement assurée par les mêmes acteurs. Les dogmes constructivistes
règnent de manière absolue parmi les “formateurs”. Personne n’ose s’en écarter
pour ne pas être soupçonné de déviationnisme, comme sous les pires dictatures.
Aussi, rares sont les endroits où on peut entendre la petite musique de la
pédagogie explicite. Mais - soyons juste - cela arrive quelquefois.
Heureusement...
Doit-on rappeler une fois de plus que toute vraie liberté pédagogique suppose un choix dans les pratiques. Quel choix a-t-on lorsque la formation professionnelle ne présente qu’une seule façon d’enseigner ? Un peu comme ces élections où il n’y avait qu’un seul candidat, celui du Parti. La liberté pédagogique a du plomb dans l'aile avant même d'entrer dans le métier.
Les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres ont pris la succession des Écoles normales d’instituteurs où l’on servait déjà la même soupe pédagogiste. Par le fait, depuis une quarantaine d’années, les jeunes maîtres arrivent dans les écoles parfaitement incapables de prendre en charge convenablement et surtout efficacement leur classe. Ce qui est un comble pour une “formation professionnelle”. Un comble et un scandale si on considère le coût de cette véritable gabegie.
Les enseignants débutants n’ont alors d’autre choix que de mettre en œuvre les pratiques absolument inefficaces apprises lors de leur formation. Ou alors, comme Rachel Boutonnet, de revenir à des recettes antiques, comme l’utilisation de la méthode Boscher. L’auteur en parle beaucoup et considère curieusement celle-ci comme adaptée aux élèves de notre époque, bien qu’elle ait été surtout utilisée des années 1920 aux années 1950. Ce parti pris est volontaire puisqu'il existe aujourd’hui bien d’autres méthodes phono-alphabétiques, comme comme J'apprends à lire avec Léo et Léa ou la méthode Fransya, pour ne parler que des plus connues.
L’auteur a fait le choix assumé de revenir à l’École de grand-papa. Comme quoi une bonne critique peut hélas déboucher sur des choix très discutables. La solution des problèmes de l’École n’est certainement pas à chercher dans le rétroviseur…
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Journal d'une institutrice clandestine
Rachel BOUTONNET
Ramsay, 08/2003, 286 p.
Franz Xaver Messerschmidt