Ce livre de Danièle Sallenave tient une grande place dans mon cheminement pédagogique personnel.
Nous sommes dans les années 1990. Cela faisait longtemps
déjà que je me posais des questions à propos de l’orthodoxie constructiviste à
laquelle, comme tous les instituteurs, je devais me soumettre. Pas d’autre
choix, sous peine de rétorsion de la part de la hiérarchie intermédiaire
entièrement acquise à ce nouveau dogme depuis les années 1970. Or, je voyais
bien que les “situations de découverte” faisaient patiner la plupart des élèves
dans mes classes. Si bien que j’avais fini par adopter une démarche d’enseignement
structurée, allant du simple au complexe, insistant sur la mise en mémoire de
ce qui avait été appris. Tout l’inverse du credo officiel…
Mais je n’avais que le simple bon sens du patricien et mon
expérience professionnelle à opposer aux éventuelles remarques qu’on aurait pu
me faire. Il me fallait donc une assise théorique. Je commençais à chercher des
livres susceptibles d’étayer ma démarche pédagogique. Il n’était pas légion à l’époque.
Je tombais sur Lettres mortes, que je
lus d’un trait en avril 1996.
Extrait : « Tout
le monde le sait : les égarements et mutations successives dans la
formation des maîtres ont rendu le Primaire incapable d’assurer correctement sa
tâche, lecture, écriture, calcul (les quatre opérations). Le mauvais
apprentissage de la lecture et de l’écriture – qui sont aussi les bases même de
la logique et du raisonnement – retentit alors sur toute une vie, et non
seulement sur les études postérieures. »
Enfin quelqu’un qui disait avec talent ce que j’en étais
venu à penser de l’exercice de mon métier !
J’ai eu l’occasion de rencontrer Danièle Sallenave en 2007
et de lui dire combien son livre m’avait affermi dans mes convictions
professionnelles. Grâce à elle, le combat commençait vraiment et je savais qu’il
s’agissait d’un combat juste. À la fois pour les instituteurs, devenus entre
temps professeurs des écoles, qui retrouveraient ainsi le sens de leur mission
première : instruire avec efficacité. Mais aussi pour les élèves qu’on
nous confie, afin qu’ils prennent goût aux études par leurs réussites, goût aux
efforts par la joie de la difficulté surmontée, goût à l’école par la présence
de professionnels sûrs de leur pratique.
Par la suite, la découverte
de la Pédagogie Explicite, en 2006, allait me fournir toute l’assise théorique
dont j’avais tant besoin et que j’avais tant cherchée. Théorie appuyée de
surcroît par une masse colossale de données probantes. J’avais donc choisi le
bon chemin…
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Danièle SALLENAVE
Éditions Michelon, 172 p
10/1995