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samedi 30 mars 2019

L'évolution des performances en calcul des élèves de CM2 à trente ans d'intervalle (1987-2017)


Auteurs : Léa Chabanon, Jean-Marc Pastor
Note d'information, n° 19.08
03.2019


« En 2017, la reprise d’une enquête initiée en 1987, portant sur le calcul en fin de CM2, permet de comparer les performances des élèves à trente ans d’intervalle. Cette enquête donne des résultats à quatre temps de mesure : 1987, 1999, 2007 et 2017. »
Les graphiques illustrant cette enquête parlent d’eux-mêmes. On peut constater le résultat de 30 ans de constructivisme pédagogique mis en œuvre dans les classes, depuis le triomphe de ces pratiques promues par la loi Jospin de 1989…

Stop ou encore ?


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mardi 26 mars 2019

L’enseignement explicite : une approche pédagogique efficace pour favoriser la réussite du plus grand nombre ?



Revue Apprendre et enseigner aujourd’hui
Appel de textes – Volume 8 n° 2

L’enseignement explicite : une approche pédagogique efficace pour favoriser la réussite du plus grand nombre ?

Dans la foulée des grandes analyses sociales de l’école des années soixante, on a longtemps pensé que l’enseignant avait un impact négligeable sur la réussite scolaire des élèves et que le milieu socio-économique expliquait alors presqu’à lui seul la réussite ou l’échec des élèves. Le sort de l’élève était considéré comme pratiquement déjà joué dès son entrée à l’école et ce destin semblait pour ainsi dire inéluctable. L’école était vue comme un instrument de reproduction des inégalités sociales.

À partir des années soixante-dix, de nombreuses recherches ont été menées dans les classes auprès d’enseignants de divers milieux. Ces recherches de terrain ont permis de mettre au jour des liens entre l’enseignant et la réussite scolaire. Tant et si bien que des synthèses utilisant la technique de méta-analyse ont démontré que l’enseignant joue un rôle de premier plan sur l’apprentissage des élèves. Ainsi, la méga-analyse de Wang, Haertel et Walberg (1993) considère que l’enseignant est le facteur ayant le plus d’influence sur l’apprentissage. La méga-analyse d’Hattie de 2012 corrobore également les conclusions des premières méga-analyses où l’enseignant est considéré comme le facteur principal lié à la réussite scolaire.  On parle alors de l’« effet enseignant » pour bien souligner le rôle important joué par ce dernier et son influence sur la réussite des élèves. La défavorisation sociale n’est donc pas un prédicteur absolu de la réussite, mais un facteur de risque qui peut être contrebalancé par l’enseignant et l’école.

Pour arriver à avoir de l’« effet », l’enseignant met en place un ensemble de stratégies pour accompagner les élèves dans leurs apprentissages.  L’enseignement explicite serait l’approche qui engendre les résultats les plus élevés quant à la lecture, l’écriture et les mathématiques.  Il convient donc de réfléchir plus avant sur cette méthode pédagogique qui semble donner de bons résultats.

Que veut dire explicite dans le vocable “enseignement explicite” ? Sur quoi se fonde l’enseignement explicite ? Comment l’enseignement explicite s’inscrit-il dans une approche cognitiviste ? L’enseignement explicite s’oppose-t-il à d’autres approches ou stratégies d’apprentissages, comme l’apprentissage par découverte ou celles découlant du courant constructiviste ? Enseignement explicite et enseignement magistral relèvent-ils des mêmes principes ? En quoi l’enseignement explicite est-il une stratégie d’apprentissage efficace ? Bref, voilà un certain nombre de questions (et bien d’autres, on l’imagine aisément) qui susciteront nos réflexions dans ce numéro thématique.

Le comité de rédaction de la revue est donc à la recherche de réflexions sur l’enseignement explicite en éducation, de témoignages touchant des projets qui constituent des modèles hérités de l’enseignement explicite. Nous sollicitons donc vos propres expériences, vos réflexions et vos pratiques. Nous faisons appel aux enseignants, aux conseillers pédagogiques, aux professeurs et chercheurs universitaires ainsi qu’aux intervenants dans le milieu de l’éducation intéressés par cette thématique.

[La date limite pour proposer des contributions est maintenant dépassée.]

dimanche 17 mars 2019

Parution : L'École à la croisée des chemins (Stevan Miljevic)






Communiqué

Ce livre ne manquera pas de faire réagir les personnes concernées...

Chacun a son opinion sur l'école : tout le monde l'a fréquentée, cer­tains l'ont haïe, en partie ou totalement ; d'autres s'y sont sentis plei­nement dans leur élément. Il y a ceux pour qui les études sont une évidence et ceux pour qui elles sont un supplice. Au-delà du vécu de chacun, notre conception de l'école est façonnée par l'esprit du temps et par des idéologies...

Dans cet essai, Stevan Miljevic dépasse l'opposition existant aujourd'hui entre un enseignement « progressiste », axé sur l'acqui­sition de « compétences » et mettant « l'élève au centre », et l'ensei­gnement « traditionnel » que nous avons tous connu et qui met en avant les savoirs. Au cours d'un passionnant voyage au cœur des sciences de l'éducation, de la psychologie cognitive et même de l'histoire éducative, il démontre en se basant sur des données probantes qu'une troisième voie, encore trop peu connue, permet de concilier l'ensemble des avantages, tout en minimisant les défauts de chacune de ces approches.

À partir de là, l'auteur propose une réflexion visant à améliorer les systèmes éducatifs en s'appuyant sur une perspective rigoureuse­ment scientifique. Aucune des principales controverses secouant le petit monde éducatif ne sera épargnée !


Liens utiles


Le site du livre :

Le blog de l'auteur :

Le site de l'éditeur :

dimanche 10 mars 2019

Dossier sur le constructivisme explicité



Voici ce que j’écrivais dans un article de ce blog en mars 2016 :
« Avec cette récupération de l’Explicite, on retrouve toutes les manœuvres habituelles des constructivistes : lorgner une bonne pratique, y récupérer ce qui est nouveau pour en faire quelque chose d’indigeste et d’inefficace, disqualifier le reste en le traitant de “direct”, ignorer et mépriser ceux qui ont fait connaître cette bonne pratique (Rosenshine et nos amis canadiens), battre le rappel des idiots utiles sur les réseaux sociaux pour faire la promotion de la “nouveauté”, en parler dans le Café pédagogique et sans doute bientôt dans les Cahiers pédagogiques, obliger les formateurs à s’aligner sur le nouveau dogme, faire de l’œil à la hiérarchie intermédiaire, se mettre un ministre incompétent dans la poche. Et le tour est joué ! »
Tout était prémonitoire, y compris la mention d’un dossier à paraître dans les Cahiers pédagogiques.

Le seul élément qui a disparu est le ministre incapable d’alors, Najat Vallaud-Belkacem. Mais que les “pédagogues progressistes” en chambre se rassurent, il y en aura d’autres dès que la gauche reviendra au pouvoir. Cette gauche abandonnée par les pauvres et qui plaît tant aux riches.

Il y a un an environ, le CRAP annonçait à son de trompe son intention de publier un dossier sur “L’enseignement explicite”. Début février de cette année, voilà qui était fait. Mais le titre avait changé. Il était question d’“Expliciter en classe”. Ce qui – point positif – sonne déjà moins comme une escroquerie.

Rappelons tout de même – point négatif –, que notre amie Céline Clément, de l’université de Strasbourg, avait proposé pour ce dossier un article qu’elle avait écrit avec Maria-Antoneta Popa-Roch pour parler vraiment d’enseignement explicite, le vrai, l’authentique, qu’elle connaît parfaitement. Mais le comité de rédaction des Cahiers pédagogiques a refusé de le publier sous un prétexte fallacieux. C’est dire l’ouverture d’esprit de ces progressistes d’opérette !

Car, même s’ils ne cochent aucune des cases de cet article, les constructivistes français parlent d’explicite, en revendiquent même l’invention et son usage exclusif. Peu leur importe si le constructivisme explicité est aussi incongru que pourrait l’être un enseignement explicite par découverte. Un machin aussi cohérent que glace chaude ou feu froid.

Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est le constructivisme explicité, voici en quoi cela consiste. Il faut expliquer la consigne en début de séance, puis laisser les élèves “construire leur savoir” devant une situation complexe, et les faire “expliciter” ce qu’ils ont découvert pendant qu’ils pataugeaient, se noyaient ou surnageaient (selon leur niveau initial). Voilà ce qu’est devenu l’enseignement explicite en version constructiviste. Rien de bien nouveau donc, sauf un effort initial de l’enseignant pour expliquer la consigne… bien que toute explication soit absolument contraire au dogme.

Avec cette histoire d’explicitation, les constructivistes veulent donc ajouter un manche à leur couteau qui n’a toujours pas de lame. Quel progrès !

La parution du dossier avait été précédée de peu, sur le site du CRAP, par un article de Jean-Pierre Fournier, un ex-enseignant en collège devenu formateur (!), intitulé “Explicite… c’est pas clair !”, publié début février. Excellent titre qui, bien qu’en français approximatif, avoue que pour les constructivistes, l’enseignement explicite est loin d’être un modèle clair. Pour cet auteur, il s’agit de « faire que, dans la tête des élèves du secondaire, l’image de l’orchestre se substitue à celle du grand bazar peut rendre plus clair un ensemble passablement confus ». La solution pourtant simple qui échappe à l’auteur est qu’il suffirait d’abandonner au plus vite toute pratique de découverte. Mais non. En conclusion de cet article, on lit que « démocratie et efficacité vont de pair ». En effet, depuis le temps que les instructionnistes le répètent !

Comme on pouvait s’y attendre, le dossier “Expliciter en classe” est totalement dénué d’intérêt. On y sert la soupe constructiviste habituelle et on y retrouve sans surprise les “pédagogues progressistes” autoproclamés, comme Patrick Rayou, Yves Reuter, Jean-Michel Zakhartchouk, Sylvain Connac et d’autres moins connus. Bref, les thuriféraires accoutumés, les compagnons de route, les idiots utiles et des chercheurs qui ne voient pas plus loin que le bout de leur Freinet. Avant même qu’ils parlent, on sait déjà leurs conclusions…

Ce qui est nouveau, c’est qu’ils reconnaissent (enfin !) les limites de leurs pratiques pédagogiques. Ainsi, on peut lire sous la plume de Laurent Lescouarch, que la « dimension implicite des apprentissages à réaliser est difficile à appréhender pour certains élèves, ceux dont l’environnement social offre moins de ressources d’étayage des apprentissages (…). De ce fait, les approches par l’activité peuvent relever d’une forme d’élitisme involontaire ». Bravo pour la découverte de cette réalité qui s’offre depuis une quarantaine d’années dans toutes les écoles de France et de Navarre. Quel remède nous est alors proposé ? « L’enjeu d’autonomisation implique que des formes actives et constructivistes soient bien présentes dans les activités proposées aux élèves, afin de permettre la construction de compétences plus complexes et transférables » ! Ainsi, on constate que quelque chose ne marche pas mais qu’il faut continuer à faire comme auparavant, en pire si possible. Avec sans doute le secret espoir que les élèves apprennent enfin, comme par magie. Inutile donc d’aller plus loin dans notre lecture.

Publié sur le site du CRAP à la fin du mois de février, l’épisode se termine par un entretien avec les deux coordinatrices du dossier, Andrea Capitanescu-Benetti et Sylvie Grau (qui sont, bien sûr, des formatrices !). Celles-ci reconnaissent que « quelles que soient les pédagogies utilisées dans les classes, des plus directives aux plus actives, l’explicitation est de mise » et qu’il faut être « attentifs à l’importance de l’étayage ». Et c'est tout.

Elles concluent : « Nous souhaitions montrer que les enjeux d’explicitation se jouent durant toute la scolarité et cela pour que l’école soit plus juste pour tous. » Avec les solutions contenues dans leur dossier, ce n’est pas encore demain qu’elle le sera... plus juste pour tous.