1/ Un nombre de plus en
plus imposant d’études converge vers la conclusion que l’école, et plus particulièrement
l’enseignant, influence l’apprentissage des élèves par une bonne gestion de
classe et un enseignement efficace. Par conséquent, en améliorant les pratiques
pédagogiques, on peut améliorer le niveau scolaire des élèves. Les pratiques
enseignantes possèdent donc un pouvoir d’influence important sur la réussite
scolaire des élèves, particulièrement auprès de ceux provenant de milieux
socioéconomiques défavorisés.
2/ Tout commence avec le
Projet Follow Through, la plus vaste expérimentation jamais effectuée
dans le domaine de l’éducation. Son but était de déterminer la pratique
pédagogique favorisant le plus la réussite des élèves, surtout ceux issus de
familles pauvres. Cette expérimentation longitudinale portait sur 70 000 élèves
de 180 écoles, de 1967 à 1976. Neuf modèles pédagogiques sur la vingtaine du
départ parvinrent à son terme. À la surprise générale, les meilleurs résultats
furent ceux du Direct Instruction, un modèle d’enseignement structuré,
systématique et explicite mis au point au début des années 1960 par Siegfried Engelmann.
Le Direct Instruction parvenait en tête pour les habiletés de base
(lecture, écriture, mathématiques), mais aussi – à la grande surprise des
observateurs – pour les habiletés intellectuelles (raisonnement, résolution de
problèmes) et pour les habiletés affectives (estime et image de soi).
3/ Barak Rosenshine
(Université d’Urbana-Champaign – Illinois) travaille sur les résultats de Follow
Through. Il cherche à déterminer les éléments de l’efficacité en
enseignement. En 1986, il modélise les caractéristiques d’une pratique efficace
et devient ainsi le “père” de l’enseignement explicite. Cette démarche
pédagogique consiste à présenter la matière de façon fractionnée, en vérifiant
de manière continue la compréhension, et en assurant une participation active
et fructueuse de tous les élèves.
L’enseignement explicite
et systématique se révèle surtout adapté aux jeunes élèves et à tous ceux qui apprennent
lentement, quel que soit leur âge. Mais ce type d’enseignement se révèle
également profitable à tous les élèves, même aux élèves plus performants.
L’enseignement explicite se divise en trois grandes étapes : le modelage (ou
présentation), la pratique guidée et la pratique autonome.
4/ Le courant de
recherche sur l’efficacité de l’enseignement s’efforce de répertorier les
différentes techniques d’enseignement utilisées par les enseignants efficaces,
qui entraînent le plus de réussite chez leurs élèves. Après quoi, on les
compare à celles mises en place par des enseignants moins performants ou
novices. Ces recherches sont réalisées en classe régulière et, très souvent,
auprès d’élèves moins performants provenant de milieux défavorisés. Cela permet
d’identifier les pratiques pédagogiques les plus efficaces pour favoriser les
apprentissages des élèves. L’enseignement explicite est confirmé comme une pratique
efficace.
5/ Des travaux récents en sciences cognitives confirment également la validité de la pédagogie explicite. Citons les recherches de John Sweller sur la charge cognitive, de Carol Dweck sur l’intelligence dynamique, de Daniel Willingham sur le fonctionnement du cerveau dans les apprentissages.
6/ Rappelons que les
données probantes portent sur les pratiques d’enseignement validées par la recherche.
À ce titre, elles constituent une preuve scientifique vérifiable. Toutes les
données probantes récentes (voir les travaux de John Hattie) confirment la
pertinence de l’enseignement explicite.
7/ Au tournant des années
2000, le Canadien Clermont Gauthier (Université Laval – Québec), plaide pour une
professionnalisation des enseignants grâce à une formation solide portant, entre
autres, sur le savoir d’action pédagogique. Pour lui, « le savoir d’action
pédagogique est le savoir d’expérience des enseignants rendu enfin public et
passé au crible de la preuve par la recherche qui se déroule en classe. » Il
ajoute :
« Les savoirs d’action
pédagogique validés par la recherche sont actuellement le type de savoirs le
moins développé dans le réservoir des savoirs de l’enseignant et aussi,
paradoxalement, le plus nécessaire à la professionnalisation du métier. Il ne
pourra vraisemblablement y avoir de professionnalisation du métier tant que ce
genre de savoir ne sera pas plus explicité, étant donné que les savoirs
d’action pédagogique constituent un des fondements de l’identité
professionnelle de l’enseignant. »
8/ Cela l’amène à
s’intéresser aux études nord-américaines sur l’enseignement efficace, avec ses compatriotes
Steve Bissonnette et Mario Richard, tous deux également professeurs
d’université (TÉLUQ – Québec). En 2005, Clermont Gauthier vient faire une série
de conférences à Paris et à Genève, accompagnée de la publication d’un
fascicule intitulé : Quelles sont les pédagogies efficaces ?
9/ Instituteurs dans le
Gard, nous prenons connaissance des travaux de Gauthier, Bissonnette et Richard
au printemps 2006. Dans la description qu’ils font des pratiques efficaces,
nous retrouvons des procédures que nous avons adoptées, au fil du temps, dans
nos classes. Mais nous découvrons aussi d’autres pratiques de l’enseignement
explicite que nous ne connaissions pas, et qui ont fonctionné dès leur mise en application.
10/ Depuis 2006, nous
faisons connaître à nos collègues professeurs des écoles les techniques de l’enseignement
explicite en diffusant ses pratiques, essentiellement grâce à Internet. Ainsi,
notre site Form@PEx propose de nombreux documents en accès libre et d’autres
permettant une formation professionnelle par abonnement.
[Article mis en ligne le 13.04.2013]
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