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mercredi 23 mars 2016

Manuel : Maths Explicites CM2 (Hachette Éducation)


En ces temps d’offensive constructiviste sur l’enseignement explicite, il est réconfortant de trouver le moyen de revenir à un peu plus de compatibilité avec l’authentique démarche explicite.

C’est ce que nous propose une récente parution chez Hachette Éducation : Maths Explicites CM2, qui est de surcroît conforme aux nouveaux programmes.

Grâce soit rendue aux auteurs de ce manuel d’avoir collaboré avec Hachette et de ne pas avoir répondu – comme d’autres – aux sirènes de la Librairie des écoles (qui est, pour ceux qui ne le saurait pas, une émanation de SOS-Éducation, camouflée chez l’éditeur Magnard). C’est donc un premier point positif pour les auteurs de ce manuel. Il est en effet indispensable que les partisans de l’Enseignement Explicite soient des défenseurs de l’École publique et ne s’alignent pas sur le projet de SOS-Éducation, favorable aux écoles confessionnelles hors-contrat pour enfants de riches.

J’avais déjà abordé la question des manuels de pédagogie explicite dans un article précédent, dans lequel j’avais parlé du premier manuel de la collection paru en 2015 : Maths Explicites CM1.

J’avais émis quelques critiques portant sur des éléments peu compatibles avec la démarche explicite. Notamment le départ de chaque leçon par un “Découvrons ensemble”, en rappelant que la démarche par découverte est une démarche constructiviste. Je note donc avec satisfaction que désormais, dans le manuel CM2, la leçon débute par un “Apprenons ensemble” qui correspond mieux à la démarche explicite.

Les auteurs exposent clairement – et correctement - ce qu’est la pédagogie explicite dans l’avant-propos du manuel :
La pédagogie explicite est une méthode fondée sur la transmission directe des connaissances et des savoir-faire par l’enseignant aux élèves. Elle met en application les principes suivants :
- exposer de façon explicite les apprentissages, c’est-à-dire présenter en détail toutes les stratégies attendues  (les étapes du raisonnement) et expliquer tout ce qui peut l’être ;
- procéder de manière structurée et progressive, du plus simple au plus complexe, pour viser une bonne compréhension : procéder pas à pas, ne passer à la notion suivante que quand la précédente est acquise, faire faire de nombreux exercices, donner un nombre limité de nouvelles informations afin d’éviter toute surcharge cognitive, apporter une correction immédiate dans le cas d’une incompréhension ou d’une stratégie erronée ;
- pratiquer la répétition pour viser la mémorisation à long terme  avec des révisions régulières sur toute l’année ;
- valoriser les efforts et les stratégies  pour amener l’élève à réussir.
Au quotidien, dans la classe, cela se traduit par un enseignement très structuré. L’enseignant accompagne l’élève dans ses apprentissages. Il l’aide à construire son savoir grâce à des retours sur apprentissage fréquents. Il lui donne des clés pour réussir, ce qui lui permet de renforcer sa confiance en soi et sa motivation.
À propos du manuel, les auteurs explique que « chaque domaine mathématique est constitué d’une succession de leçons et chaque leçon présente une seule compétence. Celle-ci est analysée et décomposée en plusieurs sous-compétences qui sont abordées,  logiquement, de la plus simple à la plus complexe. Toutes les leçons  suivent  le  même  plan qui permet de mettre en œuvre les différentes étapes de la pédagogie explicite : « Apprenons ensemble », c’est la phase d’explicitation en collectif à l’oral. Cette phase est fondée sur le principe des « exemples travaillés », que l’enseignant résout devant ses élèves en explicitant son raisonnement ; « Entraînons-nous », c’est la phase de pratique  guidée, à  chaque sous-compétence de la leçon correspond au moins un exercice ; « J’apprends / J’ai compris », c’est la phase d’objectivation ; la synthèse de la leçon est présentée en deux points bien distincts, d’une part, le savoir qui est à apprendre (« J’apprends ») et, d’autre part, le savoir-faire qui est à mettre en pratique dans les exercices (« J’ai compris ») ; « Je travaille seul(e) » et « Je vais plus loin », c’est la phase de pratique autonome, elle comporte de nombreux exercices et problèmes dont la difficulté est repérée par un nombre d’étoiles ». Rien à redire…

Par contre, je reste critique sur ce que les auteurs appellent les Énigmathiques, « qui présentent des situations mathématiques complexes scénarisées de façon ludique, afin de réinvestir les notions abordées dans le manuel. » Je pense que, dans le cadre d’un enseignement explicite, on peut se passer de l’argument ludique. Le plaisir des élèves se trouve dans le fait de surmonter les difficultés. La réussite dans l’apprentissage de connaissances et d’habiletés qu’on ne maîtrisait pas jusqu’alors apporte beaucoup de satisfaction aux élèves et renforce considérablement leur estime de soi. Ce qui est primordial. Nul besoin, selon moi, de recourir à des jeux (qui sont l’artifice de base des pratiques constructivistes).

Ce qui est bien aussi, c’est l’adjonction au manuel d’un cahier d’exercices, dans lequel l’enseignant pourra piocher pour consolider les acquis en pratique autonome. La collection comptera enfin un guide pédagogique, ce qui est toujours utile, pour les débutants comme parfois pour les confirmés.

Il ne reste dès lors plus qu’à tester le manuel en classe. Tant il est vrai qu’il faut utiliser un manuel avec ses élèves pour savoir ce qu’il vaut vraiment…

Pour conclure, je me demande si les manuels sont toujours autant pertinents dans des classes qui sont de plus en plus équipées de TNI (tableau numérique interactif). Il serait temps que les éditeurs commencent à élaborer des supports vraiment adaptés aux TNI et cessent de se contenter des versions pdf de leurs manuels. Je reste persuadé que l’enseignement explicite se prêterait à merveille à ces nouvelles configurations pédagogiques…

2 commentaires:

  1. Hélas toujours pas de manuel de pédagogie explicite pour le collège en maths... Mais je me lance quand même sur la pédagogie explicite à la rentrée pour mes élèves de collège.

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  2. Excellente résolution ! Vos élèves en seront les premiers bénéficiaires. Le manque de manuel peut se compenser par une bonne banque d'exercices dans laquelle piocher. Quant à l'architecture de la leçon, elle est très simple à mettre en oeuvre. Bon courage et bonne rentrée à vous !

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