En ces temps d’offensive constructiviste sur l’enseignement explicite, il est réconfortant de trouver le moyen de revenir à un peu plus de compatibilité avec l’authentique démarche explicite.
C’est ce que nous propose
une récente parution chez Hachette Éducation : Maths Explicites CM2, qui est de surcroît conforme aux nouveaux programmes.
Grâce soit rendue aux auteurs de ce
manuel d’avoir collaboré avec Hachette et de ne pas avoir répondu – comme
d’autres – aux sirènes de la Librairie des écoles (qui est, pour ceux qui ne le
saurait pas, une émanation de SOS-Éducation, camouflée chez l’éditeur Magnard).
C’est donc un premier point positif pour les auteurs de ce manuel. Il est en
effet indispensable que les partisans de l’Enseignement Explicite soient des défenseurs de l’École publique et ne s’alignent pas sur le projet de
SOS-Éducation, favorable aux écoles confessionnelles hors-contrat pour enfants
de riches.
J’avais déjà abordé la
question des manuels de pédagogie explicite dans un article précédent, dans lequel j’avais parlé du premier manuel de la
collection paru en 2015 : Maths Explicites CM1.
J’avais émis quelques
critiques portant sur des éléments peu compatibles avec la démarche explicite.
Notamment le départ de chaque leçon par un “Découvrons ensemble”, en rappelant
que la démarche par découverte est une démarche constructiviste. Je note donc
avec satisfaction que désormais, dans le manuel CM2, la leçon débute par un “Apprenons
ensemble” qui correspond mieux à la démarche explicite.
Les auteurs exposent
clairement – et correctement - ce qu’est la pédagogie explicite dans l’avant-propos
du manuel :
La pédagogie explicite est une méthode fondée sur la transmission directe des connaissances et des savoir-faire par l’enseignant aux élèves. Elle met en application les principes suivants :
- exposer de façon explicite les apprentissages, c’est-à-dire présenter en détail toutes les stratégies attendues (les étapes du raisonnement) et expliquer tout ce qui peut l’être ;
- procéder de manière structurée et progressive, du plus simple au plus complexe, pour viser une bonne compréhension : procéder pas à pas, ne passer à la notion suivante que quand la précédente est acquise, faire faire de nombreux exercices, donner un nombre limité de nouvelles informations afin d’éviter toute surcharge cognitive, apporter une correction immédiate dans le cas d’une incompréhension ou d’une stratégie erronée ;
- pratiquer la répétition pour viser la mémorisation à long terme avec des révisions régulières sur toute l’année ;
- valoriser les efforts et les stratégies pour amener l’élève à réussir.
Au quotidien, dans la classe, cela se traduit par un enseignement très structuré. L’enseignant accompagne l’élève dans ses apprentissages. Il l’aide à construire son savoir grâce à des retours sur apprentissage fréquents. Il lui donne des clés pour réussir, ce qui lui permet de renforcer sa confiance en soi et sa motivation.
À propos du manuel, les
auteurs explique que « chaque
domaine mathématique est constitué d’une succession de leçons et chaque leçon présente
une seule compétence. Celle-ci est analysée et décomposée en plusieurs
sous-compétences qui sont abordées,
logiquement, de la plus simple à la plus complexe. Toutes les leçons suivent
le même plan qui permet de mettre en œuvre les
différentes étapes de la pédagogie explicite : « Apprenons ensemble », c’est la phase d’explicitation en collectif à
l’oral. Cette phase est fondée sur le principe des « exemples travaillés », que
l’enseignant résout devant ses élèves en explicitant son raisonnement ; « Entraînons-nous
», c’est la phase de pratique guidée, à chaque sous-compétence de la leçon correspond
au moins un exercice ; « J’apprends / J’ai compris », c’est la phase
d’objectivation ; la synthèse de la leçon est présentée en deux points
bien distincts, d’une part, le savoir qui est à apprendre (« J’apprends ») et,
d’autre part, le savoir-faire qui est à mettre en pratique dans les exercices
(« J’ai compris ») ; « Je travaille seul(e) » et « Je vais plus loin »,
c’est la phase de pratique autonome, elle comporte de nombreux exercices et
problèmes dont la difficulté est repérée par un nombre d’étoiles ».
Rien à redire…
Par contre, je reste
critique sur ce que les auteurs appellent les Énigmathiques, « qui présentent des situations mathématiques
complexes scénarisées de façon ludique, afin de réinvestir les notions abordées
dans le manuel. » Je pense que, dans le cadre d’un enseignement
explicite, on peut se passer de l’argument ludique. Le plaisir des élèves se
trouve dans le fait de surmonter les difficultés. La réussite dans l’apprentissage
de connaissances et d’habiletés qu’on ne maîtrisait pas jusqu’alors apporte
beaucoup de satisfaction aux élèves et renforce considérablement leur estime de
soi. Ce qui est primordial. Nul besoin, selon moi, de recourir à des jeux (qui
sont l’artifice de base des pratiques constructivistes).
Ce qui est bien aussi, c’est
l’adjonction au manuel d’un cahier d’exercices, dans lequel l’enseignant pourra
piocher pour consolider les acquis en pratique autonome. La collection comptera
enfin un guide pédagogique, ce qui est toujours utile, pour les débutants comme
parfois pour les confirmés.
Il ne reste dès lors plus
qu’à tester le manuel en classe. Tant il est vrai qu’il faut utiliser un manuel
avec ses élèves pour savoir ce qu’il vaut vraiment…
Hélas toujours pas de manuel de pédagogie explicite pour le collège en maths... Mais je me lance quand même sur la pédagogie explicite à la rentrée pour mes élèves de collège.
RépondreSupprimerExcellente résolution ! Vos élèves en seront les premiers bénéficiaires. Le manque de manuel peut se compenser par une bonne banque d'exercices dans laquelle piocher. Quant à l'architecture de la leçon, elle est très simple à mettre en oeuvre. Bon courage et bonne rentrée à vous !
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