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C’est en novembre 2013 que Stevan Miljevic et
moi sommes entrés en contact. J’avais repéré son blog d’alors et la critique qu’il
y faisait de la démarche constructiviste. Depuis nous échangeons régulièrement et en toute
amitié.
Le livre qu’il a écrit et qui a été publié récemment,
L’École à la croisée des chemins, fait le point sur tout ce que Stevan a
appris sur son métier ces dernières années. L’intérêt de sa démarche est de ne pas rejeter a
priori les idées constructivistes. Il les expose en montrant sa grande
connaissance de ces pratiques par découverte.
Comment pourrait-on d’ailleurs les ignorer
alors que toutes les formations, initiales ou continues, nous les présentent, en France comme en Suisse, de
manière univoque depuis quarante ans ? Alors que la grande majorité des
experts, des inspecteurs, des syndicats, des conseillers, des médias sont
unanimes pour dire la grande qualité des pédagogies constructivistes et
socioconstructivistes ? Tous les enseignants les connaissent et ont
essayé, tant bien que mal, de les mettre en pratique avec les résultats décevants - pour ne pas dire plus ! - qui en résultent. Seuls quelques militants omniscients et omniprésents de ce
courant pédagogique disent obtenir des résultats magnifiques avec leurs
classes. Mais encore faudrait-il aller voir de plus près ce que cela donne vraiment.
Au cours de ma carrière, il m’est arrivé de côtoyer quelques-uns de ces collègues
férus de Freinet. Animé d’une saine curiosité professionnelle, je me suis alors intéressé de près à leur façon d’enseigner. Mal m’en a pris, car à chaque fois,
j’y ai trouvé des classes agitées et bruyantes sous couvert de “classes
actives”, des élèves ayant perdu tout sens de l’effort et n’ayant plus le
moindre goût pour la réussite, sans aucun comportement adéquat pour travailler en
classe, et n'ayant trop souvent aucune envie d’apprendre et de venir à l’école
si ce n’est pour y planter une joyeuse pagaille.
Quant aux collègues “progressistes” de ces
classes, quelques-uns se permettaient de donner des leçons à tous les autres
instituteurs de l’école et de les culpabiliser en les traitant d’affreux
passéistes incapables de comprendre ce qu’est l’École “moderne”. Ils aimaient
tellement les élèves qu’ils les fuyaient en devenant très vite conseillers pédagogiques, tant
leur chance était grande d’acquérir cette qualification puisque la cooptation
est de règle dans la confrérie constructiviste. Les autres – la plupart –
étaient des joyeux drilles qui avaient très vite compris que, moyennant un peu
de bruit, il était moins fatigant de laisser les élèves « construire leurs
savoirs » plutôt que de prendre la peine de leur enseigner quelque chose.
Le tout, en étant dans le sens du vent pédagogique et en espérant ainsi obtenir
l’assentiment d’une hiérarchie supposée acquise à la “découverte”... mais qui
était rarement dupe des apprentissages réellement effectués dans ces classes.
Stevan Miljevic ne fait pas l’impasse sur le
constructivisme pédagogique. Il dit ce qu’il faudrait faire en respectant
strictement le dogme. Mais il ajoute aussitôt que l’efficacité de ce dogme n’a
jamais été démontrée, bien au contraire. Dès lors, pour tâcher de trouver une
solution professionnelle à leurs pratiques, les enseignants devraient recourir à la masse de
données probantes, la plupart récentes, et aux enseignements, eux aussi récents
et convergents, des sciences cognitives. Si on suit cette piste, une pratique se
détache alors nettement, celle de l’Enseignement Explicite.
Pour chaque point abordé, la démonstration de
Stevan Miljevic est imparable. D’où l’intérêt de mettre son livre dans les
mains de tout enseignant, surtout ceux qui sont encore en formation, mais aussi
les autres pour qu’ils y trouvent matière à réflexion puis, une fois
convaincus, à argumentation.
Je voudrais également souligner le fait que
les pratiques Explicites sont faciles à comprendre et encore plus à mettre en œuvre
dans sa classe. Depuis que Françoise et moi diffusons et vulgarisons la Pédagogie
Explicite, nous avons reçu de multiples témoignages d’enseignants, aussi bien
du Primaire que du Secondaire, qui disaient leur surprise et leur extrême
satisfaction de voir les élèves se mettre enfin au travail et obtenir des
résultats grâce aux pratiques que nous exposions. Et ce, du jour au lendemain.
Immédiatement…
Voici ce que dit Stevan Miljevic dans sa
conclusion :
« Lorsque j’ai commencé à travailler (…), j’éprouvais des difficultés à tenir mes classes. (…) J’obtenais des résultats guère brillants. J’en ressortais épuisé, déçu de ne pas pouvoir remplir ma mission correctement. (…) Les théories qu’on m’avait présentées me paraissaient tellement contraires au bon sens que j’avais du mal à les appliquer. Lorsque j’essayais, je rencontrais à peu près systématiquement l’échec. (…) Un soir où j’effectuais une recherche sur Internet, je tombai un peu par hasard sur un texte écrit par les grands pontes francophones de l’Enseignement Explicite, les professeurs Gauthier, Bissonnette et Richard. (…) Intrigué, et parce que ce qu’ils préconisaient paraissait empreint de bon sens, je décidai de me lancer et de creuser le sujet. Ce fut pour moi un nouveau départ. (…) Ce que je constatai d’emblée parut encourageant. J’avais l’impression que le niveau montait et que les élèves commençaient à rendre de meilleurs travaux. (…) Plus ma maîtrise pédagogique s’affinait, plus je voyais son effet s’accentuer dans mes classes. À ma grande surprise, l’Enseignement Explicite n’agissait pas uniquement sur les apprentissages, mais aussi sur l’attitude des élèves. Mes cours devenaient de moins en moins agités. Les jeunes se montraient de plus en plus appliqués, concentrés sur ce que je leur transmettais. (…) Inlassablement, j’ai modifié mes approches et inventé de nouveaux dispositifs jusqu’au point culminant où j’ai doublé mon Enseignement Explicite d’une gestion de classe basée sur le soutien au comportement positif. Les effets sont devenus alors détonants. Les élèves atteignent un niveau dont je ne les aurais jamais crus capables auparavant. Ma vision du métier, comme celle des élèves, a radicalement changé. »
Merci Stevan pour ce témoignage.
Et pour la qualité de ce livre dont je
recommande chaudement la lecture !
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