Auteurs : Yann Fournier, Florence Lefresne et Robert Rakocevic
Présentation
Les comparaisons internationales occupent une place croissante dans les débats publics sur l'éducation. Elles sont devenues des points d'appui indispensables au pilotage des systèmes éducatifs. Par son expertise et son engagement dans les comités ou les réseaux européens et internationaux qui les produisent, la DEPP est fortement impliquée dans la production de données internationales. Elle est le correspondant français du réseau européen Eurydice. Historiquement, il lui revient d'avoir sensibilisé la communauté éducative à la lecture des indicateurs internationaux à travers la publication de L'état de l'École, à partir de 1991. À cette même période se mettait en place l'ouvrage de référence des indicateurs de l'OCDE, Regards sur l'éducation, auquel la DEPP contribue toujours pour la France.
Cette nouvelle édition de
L'Europe de l'éducation en chiffres vise à mettre à la
disposition d'un public large un ensemble raisonné d'indicateurs les plus récents
possible portant sur la plupart des dimensions du système éducatif des pays de
l'Union européenne. Ces derniers sont engagés, depuis le sommet de Lisbonne en
2000, dans un cadre commun de coopération dans le champ de l'éducation et de la
formation, renouvelé en 2010 avec la mise en place du cadre stratégique
Éducation et formation 2020. La grande majorité des indicateurs
sélectionnés ou construits pour cette publication ont pour source Eurostat,
direction générale de la Commission européenne chargée de l'information
statistique à l'échelle communautaire. Des sources de l'OCDE sont également
mobilisées (c'est le cas des données sur les dépenses d'éducation, de certaines
données sur les performances des élèves ou encore sur les enseignants), avec
celles du réseau Eurydice (sur la durée de la scolarité
obligatoire, par exemple, ou encore sur le temps de travail des enseignants) ou
celles de l'IEA (performances des élèves).
Le premier chapitre décrit l'environnement économique et social
des familles avec enfants de l'Union européenne (UE). La structure du ménage, le niveau
d'éducation des parents ou le confort du logement révèlent autant de
caractéristiques moyennes significativement différentes selon les pays. Ainsi,
par exemple, plus de 60 % des 0-17 ans ont des parents diplômés de
l'enseignement supérieur en Finlande ou en Irlande, alors que moins de 25% sont
dans ce cas en Croatie ou en Roumanie. Parmi les 0-17 ans, moins de 1 % vivent
dans un logement privé de douche ou de baignoire dans la grande majorité des
pays d'Europe du Nord ou de l'Ouest, tandis que cette part atteint 35% en
Roumanie et 17 % en Bulgarie. Le risque de pauvreté et d'exclusion sociale est
partout systématiquement plus élevé lorsque les parents ont des niveaux
d'études plus faibles.
Le deuxième chapitre présente la grande
diversité des systèmes éducatifs dans l'UE. Leur organisation
même porte la marque de ces singularités. Les modes d'accueil et d'éducation
des jeunes enfants, l'âge de scolarisation obligatoire (début et fin) ou encore
la structure des cycles d'enseignement varient d'un pays à l'autre. En effet,
s'il existe majoritairement des troncs communs qui englobent l'enseignement
primaire et le premier cycle de l'enseignement secondaire, certains pays, au
contraire, orientent précocement les élèves entre différentes filières
(Allemagne, Autriche, Lituanie, Pays-Bas). Il s'agit de pays qui disposent
traditionnellement d'un système d'apprentissage développé, à l'exception
notable du Danemark où coexistent de longue date à la fois un tronc commun -
jusqu'à la fin du premier cycle du secondaire - et un système d'apprentissage
étendu,
Le troisième chapitre traite des
dépenses d'éducation. La part de la richesse
produite allouée à l'éducation représente environ 5 % en moyenne dans les 22
pays de l'UE membres de l'OCDE en 2014, mais elle varie pratiquement du simple
au double selon les pays. L'effet de la crise économique et financière de 2008
sur ces dépenses d'éducation a été plus ou moins sensible au sein des pays
membres. De son côté, le coût d'un élève, à chaque niveau d'éducation, est
principalement influencé par quatre facteurs qui peuvent être arbitrés
différemment selon les pays : le salaire des enseignants et leur temps
d'enseignement, le temps d'instruction des élèves et enfin la taille des
classes.
Le quatrième chapitre présente les
principales caractéristiques des enseignants de PUE, Majoritairement
féminine, la population enseignante est marquée par un vieillissement, qui est
certes inégal selon les pays. Dans le contexte démographique actuel, où le
nombre d'élèves reste stable, ce vieillissement met les pays face à l'enjeu de
l'attractivité du métier enseignant Les enseignants sont très majoritairement
titulaires de licence ou de master - au moins ceux qui exercent en premier
cycle de l'enseignement secondaire -, ils enseignent dans des contextes nationaux
où leurs conditions de travail et d'emploi (nombre d'élèves par enseignant,
réglementation concernant la charge de travail hebdomadaire, salaire
statutaire, mais aussi l'accès à la formation continue) varient
considérablement.
Le cinquième chapitre traite des
résultats obtenus par les systèmes éducatifs, sous l'angle de la
performance des élèves et de l'équité dans la distribution de cette dernière.
Ce sont principalement les résultats des enquêtes PISA 2015, TIMSS 2015 et PIRLS
2016 qui sont mobilisés ici. Sont également examinées les performances des pays
européens au regard de 6 parmi les 7 objectifs chiffrés de la Stratégie
Éducation et formation 2020 (la mobilité à des fins
d'apprentissage, telle que définie par la stratégie actuelle, ne fait pas
encore l'objet d'un suivi chiffré) : la lutte contre les sorties précoces, la
proportion de diplômés de l'enseignement supérieur, la scolarisation
préélémentaire, l'apprentissage tout au long de la vie, les niveaux de
compétence des élèves en compréhension de l'écrit, en culture mathématique ou
en culture scientifique, et enfin l’employabilité des jeunes diplômés.
Enfin, le sixième chapitre met en
avant
les retombées économiques et sociales de l'éducation Partout, le
diplôme exerce un effet déterminant sur l'accès à l'emploi et sur le revenu :
la poursuite d'études sanctionnée par un diplôme plus élevé se montre
systématiquement rentable. Pénalisées dans l'accès à l'emploi, les personnes
faiblement diplômées ont également moins accès à la formation continue. La
question du genre, présente dans les différents chapitres, mérite ici une
attention particulière : les femmes, en moyenne plus diplômées que les hommes,
occupent des positions moins favorables sur le marché du travail. Enfin, les
effets de l'éducation sont loin de se limiter au marché du travail. Ainsi, par
exemple, dans tous les pays européens, le risque d'obésité et les comportements
à l'égard du tabac, mais aussi la participation aux activités culturelles ou
encore la fréquence d'utilisation d'un ordinateur diffèrent systématiquement
selon les niveaux d'éducation.
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