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jeudi 21 décembre 2017

L'évolution du salaire des enseignants entre 2014 et 2015 (MEN-DEPP)

Auteur : Marion Defresne
Note d'information, n° 17.28
12.2017



En 2015, un enseignant du ministère de l’Éducation nationale perçoit en moyenne 2 360 euros nets par mois. Néanmoins, des différences de salaire existent selon le statut et le corps, allant du simple au double. Ainsi, les professeurs agrégés et de chaire supérieure gagnent 0,6 fois plus que les professeurs des écoles et 1,2 fois plus que les professeurs contractuels. Par ailleurs, l’exercice du service à temps complet ou à temps partiel ainsi que les fonctions exercées par l’enseignant expliquent une partie des écarts de salaire observés.

En 2015, malgré l’absence d’évolution de la valeur du point d’indice, les enseignants déjà rémunérés par le ministère de l’Éducation nationale l’année précédente ont, en moyenne, perçu un salaire net supérieur de 3,8 %. La moitié d’entre eux observent une hausse de leur salaire net, près de 20 % voient leur salaire stagner et 30 % leur salaire diminuer. Les enseignants ayant changé d’indice de rémunération ou de quotité de travail en 2015 sont ceux qui ont connu les plus fortes évolutions de salaire, à la hausse ou à la baisse.


En 2015, le salaire net moyen d’un enseignant s’élève à 2 360 euros

En 2015, un enseignant du ministère de l’Éducation nationale (MEN) perçoit en moyenne un salaire net mensuel de 2 360 euros. Le niveau du salaire est majoritairement déterminé par son statut (titulaire, i.e. détenteur d’un concours de l’enseignement public ou privé sous contrat, ou contractuel, le corps d’enseignement qui le positionne sur une grille de rémunération plus ou moins avantageuse et le recours ou non au temps partiel qui définit sa quotité de rémunération. Par ailleurs, les primes et indemnités, représentant environ 10 % du salaire brut d’un enseignant du premier degré et 20 % de celui d’un enseignant du second degré, expliquent également les écarts de salaires entre enseignants, avec de fortes disparités même au sein d’un même corps.
En moyenne, en 2015, un enseignant titulaire gagne 2 425 euros par mois contre 1 610 euros pour un enseignant contractuel.

Parmi les enseignants titulaires, ce sont les professeurs des écoles qui perçoivent en moyenne les salaires nets moyens les plus faibles. Les professeurs certifiés, d’éducation physique et sportive (EPS) et les professeurs de lycées professionnels (PLP), rémunérés sur la même grille indiciaire que les professeurs des écoles, perçoivent en moyenne un salaire net supérieur de 16 % pour les certifiés, de 17 % pour les professeurs d’EPS et de 25 % pour les PLP. Outre la plus grande propension des professeurs des écoles à être à temps partiel (13,6 % contre 12,3 % en moyenne), ils perçoivent moins fréquemment des compléments de rémunération (primes, heures supplémentaires).

1. Répartition des enseignants selon leur statut en 2015 et salaires nets moyens

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Par ailleurs, en 2015, l’indemnité de suivi des élèves, que tous les enseignants perçoivent (ISAE dans le premier degré et ISOE dans le second degré), est plus faible (400 euros annuels à temps plein contre 1 200 dans le second degré). Enfin, le poids du privé sous contrat est plus fort dans le premier degré, alors même que les enseignants du privé, à salaire brut égal, ont un salaire net plus faible du fait de taux de cotisations sociales salariales plus forts.

Avec un salaire net moyen de 3 540 euros par mois, les professeurs agrégés et de chaire supérieure bénéficient à la fois de grilles de rémunération les plus élevées et d'un nombre important d’heures supplémentaires. 90 % d’entre eux gagnent au moins 2 500 euros par mois, jusqu’à plus de 4 500 euros pour les 10 % les mieux rémunérés. À l’inverse, 80 % des professeurs des écoles perçoivent un salaire net mensuel moyen inférieur ou égal à 2 500 euros.

2. Distribution des salaires nets moyens en 2015

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L’écart de salaire entre les enseignants contractuels (un peu moins d’un enseignant sur dix) et les enseignants titulaires est important. D’une part, la moitié d’entre eux est à temps partiel ou incomplet ; d’autre part, ils sont positionnés sur des grilles de rémunération plus faibles et sans règles communes d’avancement ; enfin ils sont en moyenne plus jeunes, donc plus nombreux à percevoir des salaires de début de carrière. Ainsi, les instituteurs suppléants du privé sous contrat, qui constituent l’intégralité des contractuels du premier degré, perçoivent les salaires les plus faibles : 80 % d’entre eux gagnent un salaire net moyen inférieur à 1 500 euros par mois. Les professeurs contractuels du second degré gagnent également moins que les enseignants titulaires, mais davantage que les instituteurs suppléants. En effet, 60 % d’entre eux enseignent dans le public, secteur dans lequel les grilles de rémunération sont généralement plus avantageuses que dans le privé sous contrat.

Les enseignants déjà rémunérés par le MEN en 2014 ont gagné en moyenne 3,8 % de plus en 2015

En 2015, malgré l’absence d’évolution de la valeur du point d’indice (la valeur du point d’indice majoré est de 4,6303 euros en 2014 et en 2015), les enseignants déjà rémunérés par le ministère de l’Éducation nationale l’année précédente ont, en moyenne, perçu un salaire net supérieur de 3,8 % en euros constants (tout au long de la Note, les évolutions de salaire s’expriment en euros constants. Néanmoins, entre 2014 et 2015, l’inflation est quasi nulle). Cette évolution individuelle moyenne masque des réalités différentes.

Parmi les enseignants titulaires, la moitié d’entre eux observent effectivement une hausse de leur salaire net. Cependant, près de 20 % voient leur salaire stagner et 30 % leur salaire diminuer. Les professeurs des écoles ont des salaires relativement plus stables que les titulaires du second degré. Ainsi, en 2015, 25 % voient leur salaire stagner.

4. Répartition des enseignants selon leur évolution de salaire net

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Dans le second degré, la part de salaire attribuée à la perception de primes pour heures supplémentaires et d’indemnités de fonction est plus forte et rend donc plus volatil le niveau de salaire perçu par l’enseignant chaque année. Les professeurs de chaire supérieure sont les enseignants pour qui la part variable de salaire est la plus forte, avec, en moyenne, 35 % de primes composant le salaire brut. Ainsi, en 2015, 55 % des professeurs certifiés enregistrent une hausse de salaire tandis que quatre professeurs de chaire supérieure sur dix constatent une diminution de salaire (le classement correspond au statut en 2014. 99,5 % d’entre eux sont toujours certifiés en 2015 et 0,5 % sont devenus professeurs agrégés).

Les contractuels ont moins souvent des rémunérations stables que les titulaires. En effet, moins de 7 % voient leur salaire stagner. 53,5 % des contractuels 2014 encore payés par le ministère en 2015 connaissent une évolution positive de salaire : un sur cinq enregistre une hausse de 1 à 10 % et un sur trois une hausse supérieure à 10 % (jusqu’à plus de neuf contractuels admissibles sur dix, suite à la titularisation de la majorité d’entre eux). En revanche, un professeur contractuel sur trois voit son salaire net mensuel diminuer d’au moins 5 %, une baisse liée pour un tiers d’entre eux à une diminution du temps de travail, mais également pour d’autres au passage du secteur public vers le secteur privé (40 %), là où les taux de cotisations sociales salariales sont plus élevés et les traitements de base généralement plus faibles.

Évolution de carrière et rythme de travail à l’origine d’évolutions salariales

Pour chaque enseignant, deux grands types de changements ont pu survenir entre 2014 et 2015 : le premier changement vient modifier l’indice de rémunération de l’enseignant, socle principal du calcul de son salaire (titularisation d’enseignants contractuels, avancement ou promotion d’enseignants titulaires via un changement de corps, de grade ou d’échelon) ; le second changement vient modifier la quotité de rémunération (recours ou non au temps partiel). Ces changements ont des impacts plus ou moins importants sur l’évolution du salaire, à la hausse comme à la baisse.

Entre 2014 et 2015, 58,4 % des enseignants présents les deux années n’ont connu aucun changement d’indice ou de rythme de travail, 29,2 % ont connu un changement d’indice, 7,7 % une modification de leur rythme de travail et 4,7 % ont cumulé les deux.

5. Évolutions de salaire selon les changements intervenus à un niveau individuel pour les enseignants

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Bien que la situation relative à l’indice de rémunération et le rythme de travail apparaissent inchangés pour plus de la moitié des enseignants, 10 % d’entre eux ont néanmoins enregistré une hausse de salaire d’au moins 7 % et 10 % d’entre eux ont en moyenne connu une baisse de plus de 5 %. Ces évolutions s’expliquent par des changements de situation d’enseignement, impactant la perception ou non de primes liées aux postes (direction d’école dans le premier degré, enseignement en section d’enseignement général et professionnel adapté [Segpa], auprès d’enfants en difficulté, etc.), une augmentation ou une diminution du nombre d’heures supplémentaires effectuées [CARON, 2017], mais également de changements personnels comme l’agrandissement du foyer familial modifiant le supplément de traitement familial ou encore un déménagement occasionnant une perception différente de l’indemnité de résidence (ou de cherté de la vie dans les DOM). Par ailleurs, deux évolutions réglementaires ont impacté les salaires des enseignants en 2015 : l’augmentation des primes liées à l’éducation prioritaire a fait croître le salaire des enseignants concernés, et la hausse des taux de cotisations sociales salariales au titre de la retraite a réduit le salaire net perçu en 2015 de l’ensemble des enseignants (augmentation du taux de cotisation salariale de 0,40 point pour les enseignants titulaires du public [taux égal à 9,54 % en 2015] et de 0,2 point pour les contractuels du public et les enseignants du privé sous contrat [taux égal à 9,79 % en 2015]).

Les enseignants enregistrant les plus fortes variations de salaire sont ceux dont à la fois l’indice de rémunération et le rythme de travail ont été modifiés entre les deux années : en moyenne, ils gagnent 27 % de plus en 2015 contre une hausse de 6 % en moyenne pour les enseignants concernés par l’un des deux facteurs et 0,5 % pour ceux dont la situation reste inchangée (mêmes corps, grade et échelon et même quotité de travail les deux années).

Les enseignants dont le recours au temps partiel a changé entre 2014 et 2015 ont également connu de fortes évolutions de salaire. Ainsi, 5,4 % des enseignants ayant diminué leur temps de travail en 2015 ont enregistré une baisse de 13,5 % de leur salaire net. À l’inverse, les enseignants dont la quotité de travail a augmenté ont gagné 35,5 % de salaire net en plus en 2015.


3 commentaires:

  1. La confusion volontaire faite par le ministère entre agrégés et profs de chaire supérieure est particulièrement injuste car ces derniers cumulent un nombre élevé d'heures supplémentaires dues aux "colles"/oraux qu'ils organisent pour leurs étudiants. D'où une conclusion qui peut laisser croire au public non averti que les profs agrégés du secondaire sont sur-payés par rapport à leurs collègues. Ce qui est faux, puisqu'en fin de carrière, à l'échelon terminal de la hors-classe, mon salaire mensuel net, primes incluses (dont prof principal), dépassait à peine les 3700 euros...

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  2. Retraites amputées de 30%, par conséquent d’importantes pertes de revenus très prochainement alors que nos salaires sont déjà notoirement insuffisants et ce depuis longtemps.C’est tout simplement inacceptable et scandaleux.Que répond le gouvernement ? Il faudrait augmenter les salaires (# primes) des enseignants…….d’ici une trentaine d’années.Si ce n’est pas une escroquerie cela y ressemble fort.De qui se moque-t-on ?

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