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samedi 6 avril 1996

Livre : Lettres mortes (Danièle Sallenave)



Ce livre de Danièle Sallenave tient une grande place dans mon cheminement pédagogique personnel.

Nous sommes dans les années 1990. Cela faisait longtemps déjà que je me posais des questions à propos de l’orthodoxie constructiviste à laquelle, comme tous les instituteurs, je devais me soumettre. Pas d’autre choix, sous peine de rétorsion de la part de la hiérarchie intermédiaire entièrement acquise à ce nouveau dogme depuis les années 1970. Or, je voyais bien que les “situations de découverte” faisaient patiner la plupart des élèves dans mes classes. Si bien que j’avais fini par adopter une démarche d’enseignement structurée, allant du simple au complexe, insistant sur la mise en mémoire de ce qui avait été appris. Tout l’inverse du credo officiel…

Mais je n’avais que le simple bon sens du patricien et mon expérience professionnelle à opposer aux éventuelles remarques qu’on aurait pu me faire. Il me fallait donc une assise théorique. Je commençais à chercher des livres susceptibles d’étayer ma démarche pédagogique. Il n’était pas légion à l’époque. Je tombais sur Lettres mortes, que je lus d’un trait en avril 1996.

Extrait : « Tout le monde le sait : les égarements et mutations successives dans la formation des maîtres ont rendu le Primaire incapable d’assurer correctement sa tâche, lecture, écriture, calcul (les quatre opérations). Le mauvais apprentissage de la lecture et de l’écriture – qui sont aussi les bases même de la logique et du raisonnement – retentit alors sur toute une vie, et non seulement sur les études postérieures. »

Enfin quelqu’un qui disait avec talent ce que j’en étais venu à penser de l’exercice de mon métier !

J’ai eu l’occasion de rencontrer Danièle Sallenave en 2007 et de lui dire combien son livre m’avait affermi dans mes convictions professionnelles. Grâce à elle, le combat commençait vraiment et je savais qu’il s’agissait d’un combat juste. À la fois pour les instituteurs, devenus entre temps professeurs des écoles, qui retrouveraient ainsi le sens de leur mission première : instruire avec efficacité. Mais aussi pour les élèves qu’on nous confie, afin qu’ils prennent goût aux études par leurs réussites, goût aux efforts par la joie de la difficulté surmontée, goût à l’école par la présence de professionnels sûrs de leur pratique.  

Par la suite, la découverte de la Pédagogie Explicite, en 2006, allait me fournir toute l’assise théorique dont j’avais tant besoin et que j’avais tant cherchée. Théorie appuyée de surcroît par une masse colossale de données probantes. J’avais donc choisi le bon chemin…

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Danièle SALLENAVE
Éditions Michelon, 172 p
10/1995

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