Hugues Draelants
Les Cahiers de recherche du Girsef, n° 113
06.2018
Abstract
Dans le monde de la recherche en éducation, l’idée que le
redoublement est une pratique globalement négative s’est largement imposée
suite à un certain nombre de synthèses, déjà anciennes, de la littérature de
recherche américaine sur la question. Le réexamen de cette littérature montre
que ses conclusions qui aboutissent à la dénonciation pédagogique du
redoublement sont fondées sur des études méthodologiquement fragiles et des
méta-analyses qui tendent à occulter les débats au sein de la communauté
scientifique sur les effets du redoublement. Par ailleurs, les résultats des
recherches plus récentes qui utilisent des méthodologies beaucoup plus
sophistiquées montrent que les études antérieures ont sous-estimé les effets
positifs du redoublement. Si les résultats des recherches scientifiques
actuelles sont nettement plus favorables au redoublement, il reste néanmoins
impossible dans l’état actuel des connaissances de départager de manière
incontestable le redoublement et le passage automatique de classe. L’article
plaide donc pour que les chercheurs fassent preuve de davantage de prudence
dans leurs recommandations et pour poursuivre l’effort de recherche afin de
préciser les conditions et les contextes dans lesquels un redoublement s’avère plus
profitable pour l’enfant qu’une promotion et ceux dans lesquels c’est l’inverse
qui est préférable. En attendant, le choix consistant à privilégier
redoublement ou passage automatique de classe devrait par conséquent fonder sa
légitimité sur des bases politiques plutôt que scientifiques.
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