Le livre de Pascal Bernardin cherche les raisons de la crise
de l’école dans les publications des organisations internationales (UNESCO,
OCDE, Conseil de l’Europe, Commission de Bruxelles…). Il y trouve la
philosophie générale de la révolution pédagogique en cours.
« Aujourd’hui, l’objectif prioritaire de l’école n’est plus de donner aux élèves une formation intellectuelle ni de leur faire acquérir les savoirs élémentaires. Au terme d’une redéfinition du rôle de l’école, celle-ci devient le véhicule d’une révolution culturelle et éthique destinée à modifier les valeurs, les attitudes et les comportements des peuples à l’échelle de la planète. Les techniques de manipulation psychologique, qui ne se distinguent guère des techniques de lavage de cerveau, sont utilisées à tout niveau. Les élèves en sont naturellement les premières victimes. Mais les enseignants (…) ne sont guère épargnés. Cette révolution silencieuse, antidémocratique et totalitaire, veut faire des peuples des masses ignorantes et soumises. »
Les amateurs de la théorie du complot seront ravis. Pour ma
part, je ne crois pas que les problèmes rencontrés par les systèmes éducatifs
des pays post-industrialisés soient le résultat d’une sombre conspiration
internationale. C’est plutôt le fruit des idées à la mode, baptisées “progressistes”
comme l’étaient les démocraties populaires du temps jadis. Curieuse évolution
du sens d’un mot : où est le progrès dans cette régression sans précédent
des façons d’enseigner ?
En ce qui concerne les directives données par les
organisations internationales, je m’en tiens à ce qu’écrivent Clermont Gauthier
et Anthony Cerqua dans un article de 2012 :
« À la suite de la lecture complète du corpus, on peut affirmer qu’il n’existe pas dans les documents consultés de discours pédagogique construit sur la base duquel l’UNESCO ou l’OCDE militeraient activement pour l’intégration de méthodes pédagogiques particulières dans les programmes de formation à l’enseignement. Les deux organisations réussissent à faire ressentir l’importance d’aborder la question pédagogique sans pour autant y fournir d’éléments de réponse, si ce n’est quelques allusions générales en faveur des stratégies d’enseignement centrées sur l’apprenant. »
En revanche, il est patent que ces organisations ne prennent
pas en compte – ou très peu – les données probantes de recherche sur l’efficacité
de l’enseignement. Espérons qu’un complot instructionniste fasse évoluer les
choses dans ce domaine !
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Pascal BERNARDIN
Éditions Notre-Dame des Grâces, 189 p
12/1995
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