L’auteur de ce petit livre est Pierre Duriot. C’est un
enseignant du Primaire, spécialisé dans l’aide aux élèves en difficulté. Dans
un entretien paru récemment, j’avais remarqué à quel point ses propos étaient justes et
correspondaient très exactement à ce que je constate après presque quarante
années de pratique. Il faut dire que Pierre Duriot semble être de ma génération
et tire les mêmes leçons que moi de son expérience professionnelle.
Son livre se lit très facilement. Il est même difficile de
le lâcher en cours de lecture. La démonstration est limpide, les analyses sont
excellentes, les propos sont clairs et nets. Même si l’exposé va quelquefois à
rebours du politiquement correct : il est des réalités qu’il faut affronter,
qu’il faut décrire, qu’il faut dire.
L’objet du livre est simple : c’est le comportement des
jeunes d’aujourd’hui, de la maternelle à l’entrée dans la vie active. La
fameuse génération Y. Voici ce qu’en dit l’auteur : « On oublie toujours de dire que les jeunes d’aujourd’hui
ne sont plus les mêmes que les jeunes d’antan, tout simplement parce qu’ils n’ont
pas été éduqués de la même manière ». Et c’est cette nouvelle façon d’éduquer
les enfants qui est décortiquée, sans aucune complaisance, mais aussi – et c’est
ce qui fait l’intérêt du livre – sans aucune nostalgie pleurnicharde.
À mon sens, tous les aspects de la question sont abordés. L’auteur réussit
la performance d'en faire le tour en 130 pages, sans jamais lasser
et en expliquant de manière imparable comment la société a, au bout du compte, été
changée par l’éducation qui a été donnée aux enfants depuis les années 1970.
Prenons un point précis pour illustrer ce que je viens de
dire : l’étude de la place du père dans la nouvelle famille à travers
trois extraits :
« La mère d’aujourd’hui, une fois mère n’est trop souvent plus que mère. Le papa devient le mauvais objet, celui qui sépare, celui qui vient rompre cette extase fusionnelle du lien mère/enfant. Il est sensé poser la loi, la règle, à l’enfant, sensé lui reprendre cette mère pour en refaire sa femme, épouse qui est la sienne. »
« Dans la famille publicitaire, le père est toujours celui qui ne sait pas, qui n’a pas suivi, pas compris, qui se fait expliquer par un enfant impertinent, qui au passage le prend ouvertement pour un imbécile, ce qu’il faut acheter et pourquoi il doit le faire. Et le papa « s’écrase », ridiculisé par les arguments de l’enfant. »
« Dans de très nombreux cas, la survenue de l’enfant contribue à défaire les jeunes couples, quand l’enfant, prenant la place des adultes, devient la personne centrale de la famille, quand l’enfant, très fréquemment devient l’objet d’amour de la mère au point de faire avec elle un couple plus solide que celui réalisé avec le mari lui-même. Dans tous les cas de figure, le couple des adultes doit rester au centre de la famille et le mauvais placement de l’enfant contribue très vite à défaire les liens amoureux entre adultes. »
Excellentes observations, ne trouvez-vous pas ? Eh
bien, tout le reste est de la même veine.
Le seul reproche que je ferai, c’est la mauvaise orthographe
de l’expression « être en butte à », avec la même faute qui revient à
la page 70, 96, 114 et 117. Donc trop souvent pour être une simple coquille…
Mais que cela ne vous empêche pas de lire cet excellent
livre. Que vous soyez enseignants ou parents, ou – mieux encore – les deux à la
fois !
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Pierre DURIOT
L'Harmattan, coll. Enfance, éducation et société, 130 p
11/2013
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