Auteur : Alexia Stéfanou
Note d'information, n° 18.02
02.2018
À la rentrée 2017, l’éducation prioritaire (EP) regroupe 1
097 collèges publics dont 365 en réseaux d’éducation prioritaire renforcés
(REP+) et 6 700 écoles.
Neuf collèges sur dix en REP+ accueillent plus de 60 %
d’élèves d'origine sociale défavorisée. Par ailleurs, les enseignants qui y
exercent sont en moyenne plus jeunes et moins anciens dans l’établissement.
Les collégiens entrant en REP+ sont fragiles scolairement :
près d’un sur cinq est en retard à l’entrée en sixième. Leur maîtrise des
compétences du socle est moins solide. Par ailleurs, seuls trois quarts des
collégiens de REP+ réussissent au diplôme national du brevet (DNB) contre près
de neuf élèves sur dix dans les collèges publics hors éducation prioritaire.
À la rentrée 2017, 365 collèges publics sont en réseaux
d’éducation prioritaire renforcés (REP+) en France métropolitaine et dans les
DOM. Ces établissements scolarisent 7 % des collégiens du secteur public (181
300 élèves). Leur répartition n’est pas homogène sur le territoire. Ainsi,
en France métropolitaine, la part des collégiens en REP+ oscille entre
0,4 % pour l'académie de Dijon et 13,5 % pour celle d’Aix-Marseille.
On dénombre 2 466 écoles publiques REP+ à la rentrée 2017.
Celles-ci accueillent 7,9 % des écoliers du public (459 800 élèves). Les
diversités académiques sont semblables à celles constatées pour les collèges.
À la rentrée 2017, en France métropolitaine et dans les DOM,
les réseaux d’éducation prioritaire (REP) comptent 4 237 écoles publiques et
732 collèges publics. Dans ces établissements sont scolarisés 12,3 % des
écoliers accueillis dans le secteur public, soit 718 100 élèves, et 14,1 %
des collégiens, soit 366 400 élèves.
Près de trois collégiens de REP+ sur quatre sont très
défavorisés socialement
Les collèges de l'EP se caractérisent par la concentration
d'élèves d'origine sociale défavorisée. Ainsi, plus de neuf collèges en REP+
sur dix accueillent au moins 60 % d’élèves d’origine sociale défavorisée
contre un collège sur deux en REP et seulement 6 % des collèges hors éducation
prioritaire.
Compte tenu du nombre restreint de collèges REP+ ou REP, la majorité des élèves d’origine sociale défavorisée est scolarisée hors éducation prioritaire : 11,7 % des élèves de sixième de PCS défavorisée sont en REP+ et 19,2 % en REP.
Compte tenu du nombre restreint de collèges REP+ ou REP, la majorité des élèves d’origine sociale défavorisée est scolarisée hors éducation prioritaire : 11,7 % des élèves de sixième de PCS défavorisée sont en REP+ et 19,2 % en REP.
1. Répartition des
collèges à la rentrée 2017, en %
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En moyenne, les collégiens des REP+ sont très
majoritairement d’origine sociale défavorisée : trois quarts d’entre eux
(75,1 %) ont des parents ouvriers ou inactifs, contre 39,3 % dans les
établissements hors éducation prioritaire. Ces constats sont aussi observés
pour les élèves scolarisés dans un collège REP.
2. Origine sociale
des élèves à la rentrée 2017, en %
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Des moyens supplémentaires
En 2017-2018, le taux d’encadrement au collège (nombre
d’élèves divisé par nombre de divisions – E/D) est plus favorable en éducation
prioritaire. Il est respectivement de 21,1 dans les REP+, de 22,2 dans les REP
et de 25,1 dans les autres collèges publics.
Ce taux ne renseigne que partiellement sur les conditions
d’enseignement puisqu’il ne tient pas compte des enseignements en groupe.
Le nombre moyen d’élèves par structure pédagogique (E/S) correspond au nombre d’élèves dont un enseignant a la charge pendant une heure de classe. Il comptabilise, pour chaque type d’enseignement, le nombre d’heures d’enseignement suivies par un ensemble d’élèves devant un professeur.
Le nombre moyen d’élèves par structure pédagogique est plus
favorable dans les REP+ (20,8) et dans les REP (21,5) que dans les collèges
publics ne relevant pas de l’éducation prioritaire (23,9).
La situation est similaire dans le premier degré. En
2017-2018, le taux d’encadrement (nombre d’élèves divisé par nombre de classes
– E/C) y est un peu meilleur dans les écoles de l’éducation prioritaire (20,6
en REP+, 22,3 en REP) contre 24,3 pour les écoles hors éducation prioritaire
non situées en zone rurale (23,8 pour les écoles hors éducation prioritaire).
Ces taux d’encadrement n’incluent pas les enseignants relevant du dispositif «
Plus de maîtres que de classes ».
De tels écarts entre les écoles de l’éducation prioritaire
et les autres sont structurels. Ils ont été augmentés avec la mise en place des
CP dédoublés en REP+ : 95 % des classes de CP en REP+ sont des classes
uniques et 89 % de ces classes uniques comptent 15 élèves ou moins.
Un accueil plus fréquent des enfants de deux ans en
éducation prioritaire
En 2017, l’accueil des enfants de deux ans est plus fréquent
en éducation prioritaire, avec un taux de scolarisation de 20,5 % contre
9,7 % dans les autres écoles publiques.
Réciproquement, plus de 30 % des enfants de deux ans
scolarisés le sont dans une école en éducation prioritaire.
Au niveau académique, le taux de scolarisation à deux ans dépasse 30 % en REP dans quatorze académies et il dépasse 50 % en REP+ dans l’académie de Rennes.
3. Taux de
scolarisation des enfants de deux ans selon la zone d’implantation de l’école à
la rentrée 2017, en %
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Des enseignants jeunes ayant peu d’ancienneté dans
l’établissement
Le pourcentage d’enseignants en poste depuis deux ans ou moins
dans le même collège ne mesure pas l’ancienneté en éducation prioritaire, mais
l’ancienneté dans le même collège ; il permet de mettre en évidence le
taux de rotation des enseignants dans les établissements. Ce dernier est
toujours supérieur dans les collèges relevant de l’éducation prioritaire.
Ainsi, en 2016-2017, 45 % des professeurs y enseignent depuis deux ans ou
moins contre 33 % pour les autres collèges publics.
Les enseignants en éducation prioritaire sont par ailleurs
plus jeunes que leurs homologues des autres établissements publics :
38 % des professeurs de collège en REP+ ont 35 ans ou moins ;
cette part est de 36 % en REP et de 22 % hors EP.
Les collégiens en REP+ sont plus fragiles scolairement
Les élèves entrant en sixième dans un collège de l’éducation
prioritaire se distinguent aussi par leur retard scolaire. En 2017-2018, le
taux de retard à l’entrée en sixième est de 16,8 % en REP+ et de 13 % en REP,
contre 7,4 % hors éducation prioritaire.
Toutefois, l’éducation prioritaire ne concentre qu’une
minorité des élèves en retard : 13,3 % des élèves de sixième en retard
sont scolarisés en REP+ et 19,5 % en REP. Près de sept élèves en retard sur dix
sont ainsi scolarisés hors EP.
4. Retard à
l'entrée en sixième à la rentrée 2016, en %
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Une maîtrise moins solide des compétences du socle commun
Jusqu’à l’année 2015-2016, le socle commun de connaissances
et de compétences, instauré par la loi d’orientation et de programmation pour
l’avenir de l’école du 23 avril 2005, désignait un ensemble de connaissances et
de compétences que les élèves devaient maîtriser à l’issue de la scolarité
obligatoire pour poursuivre leur formation, construire leur avenir
professionnel et réussir leur vie en société. L’acquisition de ce socle commun,
progressive, se déroulait en trois étapes : le palier 1 jusqu’en CE1, le
palier 2 jusqu’en CM2 et le palier 3 au collège.
Entre 2014 et 2016, les compétences 1 (la maîtrise de la
langue française) et 3 (les principaux éléments de mathématiques et la culture
scientifique et technologique) ont été évaluées selon un cycle triennal, en
commençant par le CE1 en 2014. En 2015, l’évaluation a concerné le palier 2 (en
début de sixième) et en 2016 le palier 3 (en fin de troisième).
En REP+, en début d’année scolaire 2015-2016, les élèves
entrant en sixième maîtrisent la compétence 1 du socle à 60 % contre
72 % en REP et 83 % dans les autres collèges publics. Pour la
compétence 3, les proportions sont respectivement de 44 %, 56 % et
73 %. Finalement, seuls 36 % des élèves entrant en sixième de REP+
maîtrisent à la fois les compétences 1 et 3 en début de sixième, contre près
d’un élève entrant en sixième sur deux en REP et deux tiers des élèves entrant
en sixième hors EP.
5. Les compétences
du socle commun en début de sixième, en %
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Les collégiens des REP+ réussissent moins bien le DNB...
Jusqu’à la session 2016, le diplôme national du brevet (DNB)
comprenait un examen écrit de trois épreuves (français, mathématiques et
histoire-géographie-éducation civique). À cette session (la dernière
disponible), 44 % des élèves des collèges REP+ et 54 % des élèves des
REP ont obtenu plus de 10 sur 20 aux épreuves écrites contre 73 % ailleurs.
Cependant, en prenant en compte le contrôle en cours de formation et l’oral
d’histoire des arts, les écarts diminuent : 76 % des élèves des REP+
ont obtenu leur DNB contre 87 % hors EP. Les élèves d’origine sociale
défavorisée réussissent moins bien au DNB, qu’ils soient scolarisés en EP ou
non : 74 % de ces élèves scolarisés en REP+ ont obtenu leur diplôme, et 79
% de ceux scolarisés hors EP. Ces indicateurs doivent être interprétés
davantage comme un état des lieux initial de la réussite scolaire des élèves en
REP+ que comme une évaluation de ce dispositif. En effet, le dispositif REP+
n’est entré en application qu’à la rentrée 2015.
6. Répartition des
élèves selon leurs notes aux épreuves écrites du diplôme national du brevet
(DNB) en 2016, en %
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... et passent moins souvent en seconde GT
Qu’ils soient scolarisés dans un collège REP+ ou non,
94 % des élèves de troisième arrivent au lycée (public ou privé) pour y
suivre une seconde générale et technologique, une seconde professionnelle ou
une première année de CAP. Les autres entrent en apprentissage ou sortent du
système éducatif.
Cependant, les élèves des collèges REP+ se retrouvent plus
souvent en seconde professionnelle et en CAP : le taux d’accès de la
troisième vers la seconde professionnelle est de 31 % pour les élèves
scolarisés dans un collège REP+ contre 21 % hors EP. De même, 8 % des
collégiens en EP poursuivent leur scolarité vers un CAP contre 3 % pour
les autres élèves. Les élèves en REP+ se retrouvent bien moins souvent en
seconde GT.
7. Taux d’accès en
seconde - année scolaire 2016-2017, en %
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CHAMP, SOURCES ET
DÉFINITION
Champ
Écoles et collèges publics de France métropolitaine et des DOM. Les écoles et les collèges privés sont exclus, n’étant pas concernés par les dispositifs REP et REP+.
Sources
Cette Note d’information vise à faire un point, aussi complet que possible, sur l’éducation prioritaire aujourd’hui. Elle s’appuie sur de nombreuses publications de la DEPP, où l’éducation prioritaire était l’un des axes d’analyse. (Le champ de l’éducation prioritaire variera dans cette Note un peu suivant l’année concernée : avant 2011, le cœur de l’éducation prioritaire sera constitué par les RAR ; à partir de 2011, il s’agira des Éclair, et enfin depuis 2015, les REP+ sont la cible privilégiée. Ces derniers recouvrent largement les précédents). Nous remercions les auteurs, dont nous reprenons parfois telles quelles les formulations. Les références figurent dans la rubrique « Pour en savoir plus ».
Cette Note d’information n’est pas une évaluation de l’éducation prioritaire. Elle est complétée par un article dans le n° 95 de la revue Éducation & formations, MEN-DEPP, décembre 2017.
Définition : La politique de l’éducation prioritaire (EP)
Elle a été initiée en 1981 avec la création des zones d’éducation prioritaire (ZEP). À la rentrée 1999, la carte de l’éducation prioritaire a été redéfinie et une nouvelle structure ajoutée : le réseau d’éducation prioritaire (REP). À la rentrée 2006, en lieu et place des réseaux existants dans l’éducation prioritaire (ZEP et REP), ont été constitués les 254 réseaux « Ambition réussite » (RAR) puis les réseaux dits « de réussite scolaire » (RRS). Enfin, depuis la rentrée 2011, le programme « Écoles, collèges, lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite » (Éclair) est devenu le « centre des politiques de l’éducation nationale en faveur de l’égalité des chances » (Vademecum Programme Éclair). Expérimenté sur 105 établissements, relevant ou non de l'éducation prioritaire, à la rentrée 2010 (Circulaire n° 2010-096 du 07 juillet 2010), il a été étendu à la quasi-totalité des RAR à la rentrée 2011 (245 collèges RAR sur 254 font partie du dispositif Éclair).
Le périmètre de l’éducation prioritaire a évolué en s’appuyant sur « un indice social unique permettant de mesurer les difficultés rencontrées par les élèves et leurs parents, et leurs conséquences sur les apprentissages ». Ainsi, à la rentrée 2014, cette refonte a concerné, de façon expérimentale, 102 réseaux dits d’éducation prioritaire préfigurateurs (REP+). À la rentrée 2015, ce dispositif a été étendu aux réseaux REP et REP+. Un réseau regroupe un collège et les écoles de son secteur. L’importance du réseau est ainsi réaffirmée.
Écoles et collèges publics de France métropolitaine et des DOM. Les écoles et les collèges privés sont exclus, n’étant pas concernés par les dispositifs REP et REP+.
Sources
Cette Note d’information vise à faire un point, aussi complet que possible, sur l’éducation prioritaire aujourd’hui. Elle s’appuie sur de nombreuses publications de la DEPP, où l’éducation prioritaire était l’un des axes d’analyse. (Le champ de l’éducation prioritaire variera dans cette Note un peu suivant l’année concernée : avant 2011, le cœur de l’éducation prioritaire sera constitué par les RAR ; à partir de 2011, il s’agira des Éclair, et enfin depuis 2015, les REP+ sont la cible privilégiée. Ces derniers recouvrent largement les précédents). Nous remercions les auteurs, dont nous reprenons parfois telles quelles les formulations. Les références figurent dans la rubrique « Pour en savoir plus ».
Cette Note d’information n’est pas une évaluation de l’éducation prioritaire. Elle est complétée par un article dans le n° 95 de la revue Éducation & formations, MEN-DEPP, décembre 2017.
Définition : La politique de l’éducation prioritaire (EP)
Elle a été initiée en 1981 avec la création des zones d’éducation prioritaire (ZEP). À la rentrée 1999, la carte de l’éducation prioritaire a été redéfinie et une nouvelle structure ajoutée : le réseau d’éducation prioritaire (REP). À la rentrée 2006, en lieu et place des réseaux existants dans l’éducation prioritaire (ZEP et REP), ont été constitués les 254 réseaux « Ambition réussite » (RAR) puis les réseaux dits « de réussite scolaire » (RRS). Enfin, depuis la rentrée 2011, le programme « Écoles, collèges, lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite » (Éclair) est devenu le « centre des politiques de l’éducation nationale en faveur de l’égalité des chances » (Vademecum Programme Éclair). Expérimenté sur 105 établissements, relevant ou non de l'éducation prioritaire, à la rentrée 2010 (Circulaire n° 2010-096 du 07 juillet 2010), il a été étendu à la quasi-totalité des RAR à la rentrée 2011 (245 collèges RAR sur 254 font partie du dispositif Éclair).
Le périmètre de l’éducation prioritaire a évolué en s’appuyant sur « un indice social unique permettant de mesurer les difficultés rencontrées par les élèves et leurs parents, et leurs conséquences sur les apprentissages ». Ainsi, à la rentrée 2014, cette refonte a concerné, de façon expérimentale, 102 réseaux dits d’éducation prioritaire préfigurateurs (REP+). À la rentrée 2015, ce dispositif a été étendu aux réseaux REP et REP+. Un réseau regroupe un collège et les écoles de son secteur. L’importance du réseau est ainsi réaffirmée.
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