Les Républicains
06.04.2016
06.04.2016
Le parti des Républicains vient de publier un
document d’orientation, qui résulte d’une journée de travail sur le thème de l’éducation
et de l’enseignement supérieur.
Il est fait tout d’abord le constat – justifié – du délabrement
de l’École. Surtout après quatre ans de réformes désastreuses et trois
ministres qui se sont succédé en si peu de temps, tous partisans de mesures
idéologiques sans aucun fondement scientifique d’efficacité prouvée.
Cette frénésie de réformes en tout genre n’est pas le seul
fait des gouvernements de gauche, puisqu’il est rappelé que depuis 1958 l’École
a connu une réforme en moyenne tous les deux ans !
Suivent quatre objectifs que se fixent Les Républicains.
1/ La priorité, c’est
de rendre à l’École sa mission première de transmission des savoirs.
Pour cela :
- Le maître et le
savoir doivent être au centre du système éducatif, un gage de réussite des
élèves (je pense pour ma part que seul le savoir devrait être au centre, si
tant est que le système éducatif ait besoin d’un centre).
- Il faut donc renouer
avec une formation initiale exigeante et efficace des enseignants (tout à
fait d’accord, à condition de virer tous les “formateurs” qui ont trimbalé leur
incompétence des IUFM aux ESPE – le bocal a changé mais les cornichons sont
restés).
- Pour les élèves, la
priorité doit être donnée à l’instruction à l’école primaire (le Primaire
est la base de toute la scolarité, nous ne cessons de répéter depuis des années
qu’il est donc essentiel).
- Un collège avec des
parcours divers et dans lequel sera abrogée l’actuelle réforme pour le bien des
élèves et des professeurs.
- Un lycée qui doit
être simplifié et modernisé.
- Il faut accroître le
temps de présence des professeurs dans les établissements et améliorer la
condition matérielle et morale des enseignants (pour le second point, cela
me paraît en effet impérieux si on veut recruter des enseignants de qualité ; le premier point appelle une condition indispensable : celle que chaque
professeur ait un bureau décent où il pourra préparer ses cours, corriger le
travail des élèves et recevoir leurs parents si nécessaire).
Dans ce premier objectif, je note un paragraphe qui
reconnaît l’efficacité de la Pédagogie Explicite (même si elle est considérée à
tort comme une méthode traditionnelle) :
Les professeurs doivent être formés aux méthodes qui marchent : sortir des querelles idéologiques, et privilégier par exemple pour l’apprentissage de la lecture les méthodes éprouvées, fondées sur l’apprentissage systématique du code alphabétique ou syllabique. Les avancées récentes de la science (neurosciences cognitives) démontrent de façon désormais incontestable que les méthodes dites traditionnelles (pédagogie explicite, groupe d’élèves homogène) donnent les meilleurs résultats. Les méthodes structurées, explicites et répétitives avec des mesures régulières des progrès dans le temps, associées à un dépistage précoce, sont les plus à même de vaincre les difficultés des élèves. Pour être un bon lecteur, il faut décoder et comprendre.
[Passages mis en gras par moi.]
Les rédacteurs du document se reporteront avec profit à cet article qui leur démontrera toute la différence qui existe entre un
enseignement traditionnel et un enseignement explicite. Et alors – et à cette
seule condition ! – il leur sera pardonné cette méprise classique, habituellement
(et volontairement) faite par les constructivistes pour mieux dévaloriser les
pratiques explicites qu'ils réprouvent, puisque parfaitement instructionnistes.
2/ Affirmons nos
valeurs : l’autorité, l’excellence, le mérité, la laïcité
Ainsi :
- L’école est un lieu
où l’État exerce son autorité (pour cela, il faudrait commencer par donner
aux enseignants les moyens d’exercer vraiment et effectivement leur autorité).
- Il faut offrir une
nouvelle chance à ceux qui ont décroché (bien sûr, mais avec des pratiques
d’enseignement efficaces, le nombre de décrocheurs aura tôt fait de diminuer de
manière spectaculaire).
3/ Améliorer la
performance du système éducatif : les Français ont droit à un service
public efficace.
Pour y parvenir :
- Déconcentrer l’organisation
du système éducatif (autre façon de dire « dégraisser le mammouth », ce qui s'est déjà avéré très difficile).
- Accorder l’autonomie
aux établissements (attention de ne pas aboutir alors à une dérégulation du
système éducatif où chaque école ou établissement fera ce qui lui plaît dans
son coin sans se soucier de la cohésion d’ensemble).
- Un pays qui doit
donner une liberté aux parents dans le choix de l’éducation (à condition
que ceux-ci ne deviennent pas les clients-rois d’une École-supermarché,
tendance vers laquelle nous glissons depuis des années).
4/ Relever le défi de
l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), pour un acte II de l’autonomie.
Objectif sur lequel je ne ferai pas de commentaire, n’ayant
pas suffisamment connaissance de la question.
Au total, un document qui semble aller dans la bonne
direction pour remettre sur pied un système éducatif perclus d’insuffisances.
Mais nous savons qu’il y a un monde entre les déclarations d’intention et la
réalité de l’exercice du pouvoir. Combien de fois ne nous a-t-on pas promis la
lune, et qu’en est-il resté ensuite ? Dernier exemple en date : la
promesse de « la priorité au Primaire » du candidat Hollande, qui s'est révélée n'être qu'une
escroquerie pure et simple…
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